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Construire un bon personnage de roman


Comment construire un bon personnage de roman ?

Tous les apprentis romanciers et toutes les apprenties romancières se posent cette question. Elle est centrale dans l’écriture de fiction. Un mauvais protagoniste ruine la lecture et entraîne dans sa chute toute votre intrigue. Heureusement, créer un bon personnage de roman s’apprend !

James Bond, Roméo, Juliette, Fleabag, le Comte de Monte-Cristo, Sam Gamegie, Thor, Blanche-Neige, les Sept Nains…

Dans une histoire, tout tourne autour des personnages. Ce sont eux qui incarnent l’intrigue, l’univers et les thèmes. À travers eux, le lecteur traverse des drames et des aventures, découvre des époques, des lieux, et vit des émotions. C’est à travers les personnages que le lecteur s’immerge dans une histoire… Et qu’il s’en souvient ! Demandez à un ami de vous résumer son roman préféré, et vous verrez qu’il évoquera tout de suite le personnage principal… ou son antagoniste ! Car nous nous identifions aux personnages de nos romans préférés. Il arrive même que nous nous attachions à eux au point de les prendre comme des références (modèle d’intelligence, de charme, de cruauté…) voire comme des amis ! Alors quand la fiction s’arrête, il peut être déchirant de leur dire adieu. De tels effets sont l’apanage des “bons” personnages. 

Mais comment crée-t-on un bon personnage de roman ? Et surtout, comment éviter d’en faire des mauvais ? Petit tour (non exhaustif !) de quelques techniques incontournables. 

Observer les personnages de la réalité… et les transposer !

Tout part de l’observation. Tous les jours, dans la vie réelle, nous rencontrons des personnes particulières : une apparence étrange, un métier unique, une façon de parler singulière, une attitude gênante ou angoissante… Il suffit d’ouvrir les yeux et de tendre une oreille pour en détecter ! Car le travail du romancier n’est pas de tout inventer. Il s’agit de repérer les aspects les plus intéressants de la réalité et de les restituer… de manière intéressante.

Regardez autour de vous, dans votre environnement actuel ou dans votre passé. Nous sommes prêts à parier que vous pouvez lister une cinquantaine de “personnages” issus de la réalité. Tous ne feront pas un bon personnage de roman. Mais à partir de ces observations vous pourrez compléter vos personnages qui manquent de relief, ou mieux, additionner des spécificités pour réaliser un personnage hors du commun.

 Dans son autobiographie “Oh Boy”, Roald Dahl raconte son enfance dans les internats du Pays de Galles. Il dépeint très précisément la cruauté et les accoutrements des professeurs de ces écoles privées et dont il a parfois été la victime. Cet environnement singulier et ses personnages ont un impact fort sur les intrigues de Dahl, en particulier dans les fictions destinées au jeune public : tous ceux et celles qui ont lu (ou vu !) “Mathilda”, se souviennent de l’impressionnante Mademoiselle Legourdin, la tyrannique directrice d’école, tout aussi ridicule et effrayante que les professeurs de l’auteur !

Attention aux clichés

Mais attention à ne pas créer des clichés… un bon personnage est d’abord un personnage crédible. Et l’auteur de fiction doit trouver des moyens pour aller au-delà d’une dimension unique qui fige un personnage dans un stéréotype, tel que “Le Méchant”, “Le Policier”, “La Demoiselle en détresse” etc…

Car un bon personnage, c’est un personnage complexe qui dispose d’une multiplicité de facettes. Personne (ni dans la vraie vie, dans la fiction), n’est qu’une seule chose : personne n’est seulement “boulanger”, ou “célibataire”, ou “jeune” ou “italien”.

Pour créer un bon personnage, il faut donc créer un être dans son entier, ce qui comprend un physique, une origine (sociale, régionale, professionnelle…), un état de santé, une histoire, des préférences, des savoir-faire… Sans oublier : des défauts et des paradoxes ! Nos élèves l’oublient souvent et passent à côté d’une dimension très importante : un personnage qui a des défauts est un personnage qui génère la sympathie du lecteur. Car dans les faiblesses d’un personnage nous reconnaissons nos propres faiblesses et nous nous identifions.

L’identification, un point clé

Il est très difficile pour un lecteur de s’identifier à Ulysse quand celui-ci élabore  des stratagèmes guerriers extrêmement ingénieux. Mais quand il pleure la mort de son chien Argos ou qu’il fait preuve de mauvaise foi en provoquant son roi, alors nous reconnaissons nos propres penchants. Et nous l’aimons d’autant plus !

Le romancier doit se montrer un peu sociologue pour comprendre (et recréer) toutes les facettes qui constituent un être humain crédible… et il doit se montrer aussi un peu psychologue, pour créer ce qui constitue l’esprit de tout être humain : des désirs, des frustrations, des paradoxes et peut-être quelques traumas.

Dans “Total Kheops”, le premier tome de la cultissime “Trilogie Fabio Montale”, Jean-Claude Izzo construit un personnage fascinant de complexité. Épris d’un idéal de justice, Fabio Montale est devenu policier dans une ville de Marseille où tous ses amis d’enfance sont tombés dans le grand-banditisme. Un pied dans chaque univers, le personnage est sans cesse confronté à des cas de conscience insolubles : à qui doit-il sa loyauté  ? À ses amis ou à la loi ? Doit-il protéger des coupables pour sauver des innocents, ou se soumettre à une justice parfois corrompue ? Quoi qu’il fasse, Fabio Montale est un personnage frustré qui essaye de faire de son mieux en se laissant parfois aveugler par la colère, la rancoeur et l’ambition.

Un bon personnage de roman : le personnage secondaire

Il est donc important de soigner nos personnages principaux : s’ils ne sont pas singuliers ou qu’ils  manquent de crédibilité, nos lecteurs auront vite fait de s’y désintéresser.

Mais il serait dommage de mettre tous nos efforts dans la construction d’un héros puissant… et d’oublier les personnages secondaires !

Là encore, une multiplicité de techniques existe pour créer des personnages secondaires dynamiques. Focalisons-nous sur l’une des principales : la création du “réseau de personnages”.

Là, il s’agit moins de faire fonctionner notre imagination, mais de comprendre la dynamique de notre histoire. Toute bonne histoire est créée par la tension entre le monde du personnage principal et celui de l’antagoniste. Créer un réseau de personnages cohérent permet de renforcer cette tension : il y aura les personnages qui aideront/renforceront le héros (les alliés, les mentors…), ceux qui l’empêcheront d’atteindre son objectif (les ennemis, les concurrents…), et ceux dont l’attitude est beaucoup plus trouble (les personnages protéiformes, les faux alliés, les fous…).

Réfléchir à la place d’un personnage secondaire dans l’échiquier des forces en présence est un excellent point de départ : cela permet à l’auteur de dérouler un conflit clair et cohérent… et de ménager des effets émotionnels très forts. 

Un exemple : Dumbledore

Dans la saga Harry Potter, l’un des personnages les mieux construits est le Professeur Dumbledore, le Directeur de l’école des sorciers. Il est le père de substitution d’Harry Potter, son meilleur conseiller ainsi que son plus grand protecteur contre les Forces du Mal. L’autrice, JK Rowling, a construit Dumbledore avec tous les symboles et les signes d’un Mentor : il s’agit d’un homme âgé donc expérimenté, un excellent technicien de la magie, mais aussi le garant d’une vision morale et philosophique que le jeune Harry Potter ne peut pas encore avoir à son âge.

C’est donc un guide et un protecteur… À chaque fois qu’il apparaît dans une scène, le lecteur est confiant : si Dumbledore est présent, rien de mal ne peut arriver ! Il parait si puissant, si calme et si apaisant… Alors quand arrive sa mort, au Livre VI, c’est la fin d’une ère de paix et de raison dans le monde des sorciers. Le désespoir et l’angoisse qui envahissent Harry Potter sont profondément partagés par le lecteur. 

Le réseau de personnage

La construction d’un réseau de personnages crédibles et puissants est un savoir-faire indispensable à tous les romanciers et les romancières qui souhaitent plonger leurs lecteurs dans des histoires captivantes et pleines d’émotions. Il n’est donc pas étonnant que de très nombreux livres de techniques d’écriture soient dédiés à ce sujet fondamental qui va puiser dans de nombreux domaines à la croisée des mondes de la fiction : la psychologie, la sociologie, l’anthropologie… 

Pour aller plus loin sur le sujet, nous vous conseillons l’excellent ouvrage de Linda Seger, traduit en français sous le titre “Créer des personnages inoubliables”. Si c’est davantage la question du réseau de personnages et des archétypes qui vous intéressent, vous serez fascinés par la clarté et l’intelligence du manuel de Christopher Vogler, “Le Guide du scénariste” (“The Writer’s journey”) dont toute la première partie est consacrée à ce sujet. 

Nous abordons aussi les points clés de la création d’un bon personnage de roman dans nos stages techniques. En particulier dans le stage préparer et construire un roman, le stage les outils de la narration et, bien évidemment : notre cycle en 3 ans l’Artisanat de l’écriture.

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