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Val McDermid – Le fonctionnement de l’intrigue


Val McDermid durant Quais du Polar 2019

À 17 ans, Val McDermid est la première étudiante d’une école publique écossaise à fréquenter le St Hilda’s College à l’Université d’Oxford. Diplôme en poche, elle s’engage dans le journalisme pendant une quinzaine d’années à Glasgow et à Manchester. Engagée dans les mouvements de gauche et de contestation pendant l’ère Thatcher, elle amorce en 1984 l’écriture d’un roman policier qu’elle met trois ans à achever : le succès de Report for Murder détermine sa vocation littéraire.
Son œuvre, qui développe les thèses féministes et engagées de l’auteur, compte quatre séries policières aux héros récurrents distincts : Lindsay Gordon, une journaliste lesbienne apparue dans son tout premier roman, partage plusieurs points communs avec Val McDermid ; Kate Brannigan, une détective privée ; le Dr Tony Hill, profiler, et l’inspectrice Carol Jordan mènent des enquêtes dans des milieux particulièrement glauques et violents; enfin Karen Pirie, DCI à la « Police Scotland’s Historic Cases Unit ». Les romans de Val McDermid sont d’ailleurs associés au Tartan noir, une conjonction stylistique entre le roman noir et la culture écossaise.
Val McDermid est aussi critique de littérature policière pour la presse écrite et, s’étant toujours intéressée à l’écriture dramatique, collabore à des émissions radiophoniques de la BBC.

Les Artisans de la Fiction : Val McDermid, comment travaillez-vous sur un roman ? Par quoi débutez-vous ?

Val McDermid :  Un roman commence par une toute petite idée, parfois c’est quelque chose que je vais entendre, parfois c’est quelque chose que quelqu’un va me raconter, parfois c’est quelque chose que je vais lire dans les faits divers du journal ou aux infos à la radio.

Et je me mets à penser, « c’est ’intéressant, je n’en ai jamais entendu parler. C’est intéressant, mais …et si ceci c’était passé au lieu de ça ? S’ils l’avaient cru lui au lieu d’elle ? »  Ces idées vont jouer à l’arrière-plan de mon esprit, jusqu’au moment où elles se connectent, et que je commence à sentir la forme d’une histoire en train d’émerger. Et au fil du temps, l’histoire s’assemble. Et quand je m’assois pour l’écrire, l’histoire est prête à se mettre en mouvement. C’est une période qui dure longtemps. Cela peut prendre des années.

Vous devez être patient. Parfois, vous pensez tenir une bonne idée, mais vous n’arrivez pas à trouver la solution de comment raconter l’histoire, alors vous devez lâcher prise et laisser votre subconscient faire le travail.

Donc vous prenez beaucoup de temps pour préparer le livre.

Dans ma tête. Quand je trouve le sens d’une histoire, je commence à me demander : de qui est-ce l’histoire ? Est-ce un roman pour un des personnages de mes séries policières, ou est-ce une histoire qui se tient toute seule ? Une fois que je connais l’histoire, je peux commencer. En général, quand janvier arrive, je suis en état d’écrire.

J’imagine que vous réécrivez peu…

Je réécris peu. Je corrige chaque jour. Quotidiennement, je relis et je corrige ce que j’ai écrit le jour précédent. Et au bout de quelques semaines, je mets bout à bout ce que j’ai écrit, soit 30 à 40 pages et je les relis, afin de voir si l’équilibre est correct, si les différents points de vue alternent suffisamment pour que l’histoire soit fluide. Je fais cela régulièrement. Et quand j’arrive à la fin, je fais une relecture succincte et j’envoie le manuscrit à mes éditeurs et à mon agent. Et ils m’envoient des notes, et nous discutons de ce qui ne va pas. Puis j’effectue une réécriture et c’est bon.

Vous avez commencé par être journaliste. Faites-vous toujours beaucoup de recherche pour vos romans ?

Cela dépend. Certaines fois je connais déjà presque tout ce que j’ai besoin de savoir quand je commence. Mais d’autres fois, j’ai besoin d’aller rencontrer des gens, de lire sur certains sujets. Par exemple pour Skeleton road, qui se déroule en lien avec les guerres de Yougoslavie des années 1990, j’ai dû faire beaucoup de lecture, de journaux par exemple. Au fil des années, j’ai lu beaucoup de science criminelle, j’ai écrit « Scènes de crime », qui n’est pas un roman, à propose de certains cas. Je connais des scientifiques en sciences criminelle, qui peuvent m’aider, quand j’ai une idée. Donc parfois je vais les voir et je leur dis « c’est ce qui j’aimerai que soit l’affaire. Dites-moi si ça fonctionne… » Et ils me répondent : « oui, ça marche, ou : non, ça ne fonctionne pas, mais tu peux faire différemment. »

En tant que journaliste, travaillez-vous sur les faits divers, les histoires de police ?

Pas tellement. J’étais un journaliste d’actualité. J’étais chef du Northern Bureau d’un journal national. Je couvrais toutes sortes d’histoires. J’ai fait un peu de travail d’investigation criminelle, mais pas beaucoup. Je n’ai jamais considéré le journalisme comme une préparation au travail de romancière. J’ai fait ça tant que je ne gagnais pas ma vie comme auteur de fiction.

Comment vous êtes-vous formée à la narration ?

Quand j’ai commencé à écrire, l’intrigue était mon point le plus faible. J’ai passé beaucoup de temps à comprendre comment faire fonctionner une intrigue. Et j’ai relu de nombreux écrivains dont j’admirais le travail, et j’ai littéralement démonté leurs romans, pour comprendre comment ils marchaient. Quand j’ai commencé à travailler en tant que romancière, je planifiais mes romans très soigneusement, chapitre par chapitre, scène par scène et ça a fonctionné pour moi pendant une quinzaine de livres. Et puis ça a cessé de marcher. Et maintenant, j’écris de manière plus spontanée. Je sais quand le livre commence, je sais quand il se termine, je sais qui fait quoi et pourquoi, et je sais quelques trucs qui se déroulent en route.

Quel serait votre conseil à un(e) jeune écrivain ?

Mon conseil serait d’aller au bout. N’essayez pas d’écrire le premier chapitre parfait. N’écrivez pas de premier chapitre parfait. Terminez le truc. Et là vous pourrez l’améliorer. Beaucoup de gens pensent que si le début n’est pas bon, ils ne peuvent pas avancer. Terminez le livre. Et améliorez-le.

 

Interview Lionel Tran
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