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Diniz Galhos – Comprendre le métier d’écrivain



A Quais du Polar, nous avons fait la rencontre de Diniz Galhos, auteur de deux romans noirs : Gokan (2012) et Hakim (2021) mais également traducteur, connu pour avoir traduit Irvine Welsh, John King ou encore les aventures de Bourbon Kid dont le premier tome est intitulé Le Livre sans nom. Lors de cette interview, il revient sur la manière dont il a appris à écrire de la fiction, et donne des conseils pour les aspirants écrivains.

 Comment apprendre l’écriture de la fiction ?

« D’abord une envie » : Diniz Galhos explique que son envie d’écrire des histoires est née quand à 5 ans, ses parents lui ont expliqué qu’écrivain était un métier. Dès lors, il n’a plus eu qu’une idée en tête, apprendre à lire et à écrire. Néanmoins, ne considérant pas avoir les connaissances nécessaires pour écrire, il a commencé simplement : en racontant des histoires grâce à des dessins quand il lui manquait des mots et surtout en lisant. Pour lui, c’est grâce à la lecture d’ouvrages qui l’intéressent, qu’il s’est fait son goût, et donc qu’il a découvert ce qui lui plaisait ou non dans la littérature.

Peut-on commencer l’écriture soi-même ou doit-on suivre des manuels ?

Diniz Galhos a commencé l’écriture de lui-même, en grande partie car il n’existait pas réellement de « méthode sur comment écrire un polar efficace » quand il a commencé, ni d’études de creative writing. Néanmoins, il continue de penser que « l’essentiel ce n’est pas de faire un best seller ou le chef d’œuvre du XXIe siècle mais de faire ce qu’on a envie et surtout d’aller au bout de cela, le plus loin possible, et de le faire honnêtement et sincèrement.»

Est-ce une mauvaise idée de faire de l’écriture son métier ?

Diniz Galhos affirme que pour lui ce n’en était pas une, il ne voyait d’ailleurs pas d’autre choix. Il peut vivre sans littérature, mais ne pense pas pouvoir vivre sans écriture. Néanmoins, il souligne le fait que, notamment grâce à son père comédien, il a très vite compris qu’en fonction du choix que l’on fait (être auteur « commercial » ou vivre en allant au bout de son « art »), on pouvait difficilement vivre – en tout cas confortablement –  de ce métier.

Qu’est-ce qu’une bonne histoire ?

« Je ne pense pas qu’il y ait une bonne histoire » : Diniz Galhos revient sur le fait qu’il existe une diversité tellement importante de genre qu’il est difficile de penser qu’il existe vraiment « une bonne histoire ». Pour lui, ce qui fait qu’une histoire est bonne, « c’est le lecteur ».

Malgré tout, s’il n’y a pas « une bonne histoire », Diniz Galhos pense que pour raconter une histoire il faut « s’engager pleinement dans son écriture, aller jusqu’au bout du projet d’écriture posé ». Ensuite, que l’histoire « parle » à 3 ou 300.000 lecteurs, cela n’a pas d’importance car il existe des romans confidentiels soutenus par des personnes qui se sont reconnus dedans et pour qui ce livre traduit ce qu’ils n’ont jamais su dire. « C’est cela, le véritable enjeu ».

Est-ce qu’il faut toujours réécrire ?

Il n’existe pas de méthode absolue. Diniz Galhos confie « ne pas réécrire du tout » car cela ne correspond pas à sa manière de travailler. Que se soit en tant qu’auteur ou bien traducteur,  Diniz Galhos écrit « phrase après phrase » et passe à la suivante « uniquement quand il est heureux de celle d’avant» ce qui lui épargne un travail  qu’il considère très « ingrat » de relecture.

Quels conseils pour un.e apprenti.e auteur.e ?

« Ne perdez pas espoir » : selon Galhos, le piège à éviter est de se décourager. Il revient sur deux conseils particuliers aux personnes qui veulent écrire ou continuer à écrire:

Premièrement, il souligne le fait que « le pire cadeau à faire pour un jeune auteur, serait de le propulser trop vite dans le succès ». Car, si au premier abord,  cela pourrait paraître « génial » d’avoir un ou plusieurs retours positifs après avoir envoyé son manuscrit à des maisons d’éditions, à 20 ans ou même avant, selon lui il ne faut pas oublier que le monde de l’édition est aussi un business. En librairie, la nouveauté remplace la nouveauté, et ce n’est pas parce que « vous avez eu du succès que vous aurez du travail : il faut s’engager à fond », pour éviter de mal le vivre si le succès n’est pas toujours croissant.

Deuxièmement, pour les auteurs qui s’engagent, parfois de manière très personnelle dans l’écriture, il ne faut pas oublier que les maisons d’éditions, même indépendantes, cherchent à avoir « un bilan comptable positif à la fin du mois ». Ainsi, il ne faut pas s’inquiéter du nombre de refus, car « la majorité des auteurs ont des armoires entières remplies de ces lettres de refus qui blessent ».
Pour Diniz Galhos, il faut accepter d’être blessé, et continuer, car « il y a un moment où ça sort ». Il rappelle également qu’il ne faut pas s’attendre à devenir une « star » : avoir une maison d’édition qui répond est déjà en soi une récompense ; avoir son livre imprimé en main également. « Les ventes, le succès, la gloire… si vous n’avez pas d’autre choix que d’écrire, tout ceci devient accessoire ».

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