On a fait croire que la littérature jeunesse était un sous-genre. Caryl Férey nous rappelle qu’elle est un art majeur : joyeux, politique, inventif, exigeant. Et irréductiblement vivant. Pas de recettes. Pas de règles. Juste l’envie. L’envie de raconter des histoires à celles et ceux qui en ont le plus besoin. La jeunesse a faim d’histoires !
L’enfant aime les histoires. L’adulte aussi.
Caryl Férey le dit sans langue de bois :
« Dans les années 70-80, les lettres ont décrété que les histoires étaient ringardes. Le nouveau roman, le nombril… Moi, je trouve ça ringard, le nombril. »
On a voulu faire croire que raconter était infantile. On a renié Tolkien, Mad Max, les fables. Mais les enfants, eux, n’ont jamais arrêté d’aimer qu’on leur raconte. Écrire un roman jeunesse, c’est revenir à cette pulsion précise : émerveiller. Structurer l’imaginaire. Offrir une boussole.
Pas de sexe. Pas de viol. Pas de FMI.
Un roman jeunesse, ce n’est pas un roman adulte réduit. C’est une écriture avec conscience : conscience de ce qu’on ouvre et de ce qu’on ferme. La politique internationale, les détails de violence, les dérives sexuelles : ça viendra. Mais plus tard.
« Les jeunes ont le temps de découvrir la violence du monde. On peut en parler, mais faut que ça reste un peu cool. »
C’est une question de seuil. D’intensité, pas d’auto-censure. On peut parler de guerre, de déroute, de pauvreté. Mais on le fait avec tact. Avec distance. Avec élégance.
L’imaginaire vient de loin (et des arrière-grand-mères)
L’imaginaire de Caryl Férey est né des histoires racontées par une aïeule institutrice née en 1891. Une voix. Des images. Des livres illustrés qu’on lit après minuit. Et ce moment où l’enfant supplie :
« Continue, continue, continue… »
On n’écrit pas pour transmettre des idées. On écrit pour faire renaître cette voix-là.
Le roman jeunesse comme terrain d’expérimentation
Caryl Férey a commencé en écrivant pour ses potes, sur des cahiers Clairefontaine. Eux les héros. Eux avec des elfes. Eux amputés quand ils ne venaient pas faire la fête.
« J’ai vu la puissance de l’écriture. Tu fais ce que tu veux. Tu crées ta réalité. »
Le roman jeunesse n’est pas un genre mineur. C’est un laboratoire. Une terre où se croisent Tolkien, Mad Max, la sociologie, la musique et l’amour projeté. C’est un genre total.
Documenter. Voyager. Et réécrire.
Caryl Férey ne conçoit pas d’écriture sans immersion. Il va sur place. Rencontre. Note. Laisse infuser. Et écrit en cherchant.
« Chaque livre est nouveau. C’est ça qui m’intéresse. »
Pas de plan verrouillé. Pas de procédure. Mais une discipline : revenir sur chaque phrase. Creuser les personnages comme un comédien cherche son rôle. Modifier ce qui doit l’être. Et répéter. Encore.
Écrire, c’est du plaisir. Pas du travail.
Caryl Férey le dit avec humour :
« Travailler, c’est ce qu’on subit. Moi, j’écris. Et j’ai du plaisir. Donc je me lève le matin. »
Pas de posture tragique. Écrire est un jeu. Un choix. Un bonheur actif. Même si le monde s’écroule.
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