Adresse : 10 rue du chariot d’or, 69004 Lyon
Mail : contact@artisansdelafiction.com
Tél. : 04.78.29.82.07

 

Permanences téléphoniques et accueil :
les mercredis de 14h à 18h (hors vacances scolaires)

Nous suivre sur les réseaux
S’inscrire à notre newsletter

L’écriture, c’est 90 % d’efforts et 10 % de talent – Olivier Descosse


On a vendu aux apprentis écrivains le mythe du génie inspiré, les muses qui chuchotent à l’oreille, la grâce qui descend du ciel. Olivier Descosse, lui, rit doucement. Pour lui, écrire, c’est transpirer. C’est recommencer cent fois la même page, chercher un mot pendant trois jours, puis douter encore. Derrière chaque chapitre se cachent des litres de café et des kilomètres de ratures. Et c’est peut-être ça, la véritable beauté du métier : l’écriture comme travail manuel, comme patience d’artisan, où le talent n’est qu’une étincelle — et la persévérance, le feu qui la nourrit.

« Les images viennent très vite… et après je rame. »

Le feu et la forge

Chez Olivier Descosse, la fulgurance existe, mais elle ne dure que vingt secondes. « Je les ai souvent quand je cours, raconte-t-il. Une phrase, une image, un détail. Et puis après… je rame. » Ce qui vient ensuite, ce sont des mois d’endurance. Chaque matin, trois à quatre heures d’écriture, parfois un an pour un roman, et à la fin, peut-être une heure et demie de véritable “création pure”. Le reste ? De la mécanique, du réglage, du ciselage.

C’est là que tout se joue. Écrire, pour lui, c’est comme sculpter une scène de thriller : une tension à polir jusqu’à ce qu’elle tienne debout par la seule force de ses articulations. Il compare son travail à celui d’un monteur de film. Ses intrigues sont découpées en séquences — trois ou quatre chapitres qu’il reprend jusqu’à la perfection.

« Je retravaille à mort, dit-il. Parfois un chapitre, je le relis cinquante ou cent fois. »

La dernière fois, il a changé un seul mot. « Mais je sentais qu’il y avait encore un truc. »

L’art d’être obsessionnel

Certains écrivent tout d’un bloc avant de revenir en arrière ; Descosse, lui, ajuste au fur et à mesure. Il refuse de “laisser les choses en friche”. Son obsession, c’est la précision. Une phrase de trop, un dialogue un peu faux, et le lecteur décroche. Il le sait, il le traque. Car, au fond, la règle première est simple : ne jamais ennuyer le lecteur.

Pour cela, il s’impose un cadre. « Oui, le thriller est très codifié, explique-t-il. Mais dans le cadre, je fais ce que je veux. » Cette tension entre structure et liberté fait toute la puissance de son travail. Elle permet de canaliser la part de mystère, celle qui lui échappe : ces “images qui viennent”, surgies de nulle part, comme une musique qu’on entend sans savoir d’où elle vient.

« J’aimerais être un musicien, confie-t-il. Mais je ne compose pas. En revanche, j’entends les phrases dans ma tête. »


Le personnage avant le rebondissement

Le cadre, la méthode, la structure : tout cela ne suffirait à rien sans les personnages. « S’il n’y a pas d’empathie, ça ne fonctionne pas, » dit-il. Le thriller, c’est d’abord une affaire d’humanité. L’histoire peut être alambiquée, l’intrigue brillante, mais si le lecteur ne vibre pas pour ceux qui la traversent, elle s’effondre. Les “gentils” et les “méchants”, comme il les appelle, ne sont pas des figures abstraites : ce sont des miroirs où se reflètent les peurs, les failles et les désirs de chacun.

C’est peut-être là que Descosse rejoint ses origines : avocat avant d’être écrivain, il a passé des années à ausculter la complexité humaine dans les marges du droit. Ses thrillers en portent la trace : des personnages ambivalents, une tension morale sous-jacente, et cette conviction que la vérité d’un être se joue dans la nuance, pas dans le spectaculaire.

Les influences et l’art de digérer

Olivier Descosse ne vient pas du monde littéraire : il a commencé en lisant des essais de psychanalyse et de philosophie. Jusqu’au jour où il tombe, presque par hasard, sur Le Concile de Pierre de Jean-Christophe Grangé. Révélation. « J’ai su que c’était ça que je voulais faire. » Grangé est devenu un modèle — puis un ami.

Depuis, Descosse lit énormément, mais sans révérence : il puise, il absorbe, il trie. « Je capte les tournures, les constructions qui me plaisent à moi. » Pas de maître, pas d’école. Juste une somme d’influences qu’il transforme en matière personnelle. Et s’il n’a jamais suivi d’atelier d’écriture, il en incarne pourtant la discipline : rigueur, régularité, refus de la facilité.

90 % d’effort, 10 % de mystère

Tout le monde n’aura pas la même oreille, la même étincelle initiale. Certains entendent la musique avant de savoir la transcrire ; d’autres apprennent les notes avant de comprendre la mélodie. Mais, au bout du compte, la différence se fait dans la persévérance.

« Le talent, dit Descosse, c’est comme en musique. Vous pouvez avoir l’oreille, mais si vous ne bossez pas, vous jouerez faux. »

Ce n’est donc pas une malédiction de dire que l’écriture est faite de sueur ; c’est une promesse. La promesse que chacun peut apprendre à écrire, à force de patience, d’écoute, et de relectures obstinées.

L’écriture, en somme, n’est pas un don. C’est un artisanat du temps long, une guerre contre la paresse, un pacte entre l’auteur et son exigence. Et cette guerre, Olivier Descosse la mène chaque matin, crayon contre doute, page blanche contre vanité, phrase après phrase, jusqu’à ce qu’une seule chose reste : la précision du vrai.

Si vous voulez apprendre à bien raconter, nous vous recommandons nos formations suivantes :





Aller à la barre d’outils