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Aller au bout de son premier roman – Patrick K. Dewdney



A l’occasion de la 9ème édition du Festival Les Intergalactiques (2021), nous avons fait la rencontre de Patrick K. Dewdney, auteur de polar, roman noir, poésie et fantasy. Cet auteur polyvalent a commencé par l’écriture de polar, dont le premier sort en 2007 sous le nom de Neva. Aujourd’hui reconnu pour sa fantasy, nous le retrouvons  à l’occasion de la sortie du troisième tome de son Cycle de Syffe : Les chiens et la charrue. Lors de cette interview, il revient sur son parcours d’écrivain, et sur la création de son univers.

Quand et comment apprendre à écrire de la fiction ?

Pour Patrick K. Dewdney, l’apprentissage de l’écriture s’est fait « tôt, par la lecture ». Il a commencé à lire très jeune, car né malvoyant et diagnostiqué tardivement à l’âge de 5 ans, les livres étaient pour lui la seule fenêtre qu’il avait sur le monde. De là est né son amour de la littérature. 

Néanmoins, sa première entrée dans le monde du livre et de l’édition s’est faite grâce à un atelier d’écriture auquel il participait au collège. Son professeur était un auteur professionnel : il l’a suivi à Limoges quand il est parti faire ses étude, et l’a aidé une fois son premier roman (Neva) terminé à entrer en contact avec des maisons d’éditions. C’est grâce à ce travail et ce professeur qu’il publie son premier ouvrage à l’âge de 23 ans.

Pour l’apprentissage qu’il juge « plus technique », cela s’est « paradoxalement fait plus tardivement ». Patrick K. Dewdney juge rétrospectivement ses premiers romans d’ « essais » : « c’est à force de mener des narrations à leur terme, que l’on théorise sa propre écriture et ce qu’on a envie de faire ». Il conseille d’ailleurs régulièrement aux personnes qui lui posent des questions sur l’écriture, « de mener au bout une narration » car ce n’est qu’ainsi qu’on progresse.

Qu’est-ce qui diffère dans l’écriture entre les genres littéraires ?

Patrick K. Dewdney retient deux choses qui pour lui diffèrent particulièrement entre son expérience à La manufacture du livre (dont nous avions interviewé le directeur) où il publie des romans noirs, et au Diable Vauvert, où il publie de la fantasy : 

A la manufacture, le travail est axé sur le « pitch »: les thèmes de cette maison d’édition sont centrés autour de l’homme et de la nature, ainsi que le rapport de l’homme aux espaces au XXIe siècle et en francophonie. L’éditeur demande un style travaillé et reconnaissable, et donc pour Dewdney, c’était le travail et l’apprentissage de la stylistique qui primait. Des exercices de techniques d’écriture et la réécriture sont  alors primordiaux dans son écriture du roman noir. Ce travail stylistique passe également par une attention portée au vocabulaire spécifique de la nature dans Crocs et des marins-pêcheurs dans Ecume. Ce travail lui semble extrêmement important pour « garder des mots appropriables par le lecteur de part leur sonorité et ce qu’ils renvoient ».

Au Diable Vauvert, il retient comme enjeu de la fantasy, le rythme. Il passe alors d’un travail de la stylistique à celui de la narration : les livres de son Cycle de Syffe sont les premiers qu’il écrit au passé ; ce changement de syllabe finale lui donne alors un défi autour du souffle qui influence le paragraphe, le chapitre, et même le livre entier. Il se retrouve également face à une différence de longueur : ses œuvres de fantasy sont quatre fois plus longues que ses autres romans. Néanmoins, il est important selon lui de passer par des écrits « plus courts, plus incisifs, plus rentre-dedans pour pouvoir passer à quelque chose de plus tranquille, avec un souffle plus lent. » 

La création d’un univers : est-ce long et difficile ?

« Pas excessivement » : Dewdney affirme qu’une fois avoir décidé qu’il avait la technique pour raconter ce qu’il voulait raconter, son personnage et son univers sont « sortis » en 10 jours dans une sorte d’« accouchement métaphysique ». Néanmoins, il souligne continuer d’étoffer cet univers, notamment grâce à des Beta-lecteurs (qu’il nomme son « Comité de lecture »), composé d’environ 13 femmes et 2 hommes. Ces derniers, dont les connaissances sont variées (musique, stylistique, militantisme) l’aident à nourrir son cycle de thèmes qui lui tiennent à cœur (comme par exemple le féminisme). L’intervention d’autres personnes dans ses œuvres lui semblent indissociable de son travail d’écriture car il voit l’écriture comme « un acte collectif y compris par rapport au lecteur » et le livre comme une « rencontre ». Le livre est alors selon lui un « translateur », et l’histoire est ce qui se passe quand le lecteur rencontre ce translateur, qui s’exprime ainsi à « l’intérieur de l’être ». 

Que conseillez à un aspirant auteur ?

« Travailler. L’idée de l’auteur recevant sa manne divine par les muses est un concept qu’il faut s’atteler à défaire : c’est du travail. »

Dewdney souligne également l’importance d’avoir des « choses à dire » en « éprouvant la vie »  « s’efforçant d’habiter dans le monde duquel on va parler », et en « prenant des risques »  car c’est ce qui donne du fond à la forme.

Quelle est la part de réécriture dans l’écriture ?

« Plus de 80%. La plus plupart des passages de la saga ont été réécrits au moins 5 ou 6 fois et dans Ecume, il y a des passages réécrits plus de 20 fois ».

La réécriture est selon Dewdney très importante, même si certains auteurs fonctionnent au premier jet et produisent des œuvres incroyables comme cela, pour lui, écrire est travail laborieux, lent qui nécessite de prendre le temps afin de retravailler au mieux la matière première et d’aboutir à un résultait qu’il juge satisfaisant.

 

 Interview réalisée par Lionel Tran – Article rédigé par Léa Ducourtioux

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