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La différence entre style et technique 


Quand nos élèves découvrent les formations à l’écriture de fiction, ils sont souvent pris d’un doute. Que sont supposées nous apprendre toutes ces règles objectives, alors qu’une histoire c’est personnel ? Si on apprend tous à écrire, est-ce qu’on ne va pas tous écrire la même chose, de la même manière ? Quelle différence peut-on faire entre le style et la technique en narration ?

Ces craintes sont légitimes… mais elles dévoilent une méconnaissance du processus créatif et de l’apprentissage ! Non, la technique ne tuera pas votre sensibilité ! Voyons pourquoi :

C’est quoi la technique ? Et quoi ça sert ?

La technique, en fiction, c’est l’ensemble des règles et des lois qui aident un auteur à construire et raconter son récit de la manière la plus intelligible et la plus intéressante possible. Dans certains cas, « intéressant » signifiera « stressant » ou « haletant », dans d’autres cela voudra dire « émouvant », ou « hilarant »… Les techniques du creative writing n’ont pas été inventées par les Anglo-saxons ou par Hollywood. D’ailleurs, elles n’ont été inventées par personne : ce n’est pas parce qu’Aristote a écrit un jour qu’une histoire a « un début, un milieu et une fin » qu’on doit tous et toutes construire nos histoires ainsi. Aristote a seulement constaté qu’une histoire semble plus organique, plus complète, plus naturelle et plus touchante au spectateur lorsque celle-ci a un début, un milieu et une fin.

Les techniques et les lois de la narration et de la dramaturgie ont été dégagées, expérimentées, « découvertes » par des auteurs et des théoriciens qui se sont demandé pourquoi lorsqu’on raconte une histoire de telle ou telle manière, cela crée des images plus fortes ou des sensations plus intenses que lorsqu’on ne le fait pas. Ce sont des guides, bien plus que des recettes ! 

Aux Artisans de la Fiction, nos élèves découvrent, analysent et expérimentent les grandes lois de la narration et de la dramaturgie. Cela ne veut pas dire qu’ils finissent tous par écrire la même chose ou de la même manière… car il y a une infinité de manières d’utiliser ces règles, une infinité de manières de bien (ou mal !) les utiliser. Cela dépend du contexte, du genre, de l’histoire, du format, de l’effet que l’auteur cherche à créer, etc.

Et le style, dans tout ça ? 

Communément, on pourrait penser que le style, c’est un peu la cerise sur le gâteau. Il y aurait l’histoire, la structure de l’histoire avec ses personnages, et il s’agirait de la raconter « à sa manière », « avec son style ». Dans ces cas-là, on s’imagine alors que le style induit l’originalité. Un style, puisqu’il est personnel, serait forcément original. Or, la lecture de textes de jeunes auteurs très peu expérimentés nous montre l’inverse : il n’y a rien de plus formaté qu’un auteur qui n’a pas conscience des techniques d’écriture, qui n’a pas de recul sur ses propres textes (ou pire, qui cherche à ré-inventer l’eau tiède en distordant des règles de narration qu’il connait mal, voire en torturant la langue française).

Dans la majorité des cas, on reconnaît l’auteur peu expérimenté au premier regard. Il maîtrise mal sa stratégie narrative. Il fait des phrases trop longues, ou bien utilise beaucoup d’adverbes, des adjectifs bizarroïdes, des métaphores ampoulées, voire du vieux français. Parfois, il confond personnage, narrateur et auteur. Souvent, il se met lui-même en scène ! En un mot : il cherche à impressionner. Or quand on cherche à impressionner, ça se voit… et quand ça se voit, on n’impressionne personne !

En fiction écrite, le style ne désigne pas uniquement la manipulation ou la maîtrise de la langue française. Un style, c’est un ensemble de choix que l’auteur fait en conscience pour construire un univers, une histoire et une narration de manière cohérente. Cela passe à la fois par des choix thématiques, de genre, de structure, de registre de langue… la liste est potentiellement interminable.

Contrairement à ce que l’on pense, le style n’a pas pour but d’impressionner un lecteur, ni même d’enjoliver un texte. Ce n’est pas le nuage de sucre glace qu’on saupoudre sur son gâteau pour lui donner du cachet (ou pour dissimuler ses défauts !). 

Quand on s’intéresse au style purement formel d’un texte littéraire, on remarque que les choix stylistiques sont mis en forme pour renforcer une ambiance (un univers, un genre) mais aussi pour clarifier le texte, bien plus que pour le complexifier.

Prenons l’exemple de la métaphore, la figure de style qui rapproche deux idées parfois éloignées. La métaphore/comparaison est très utile à l’auteur quand celui-ci doit décrire quelque chose qui est impossible ou très difficile à décrire avec un adjectif ou un nom existant déjà dans la langue française.

Par exemple, en français, il est très difficile de décrire une odeur. Les mots manquent, ou quand ils existent, peu de lecteurs les connaissent… et c’est donc là que la métaphore/comparaison intervient : on dira d’une odeur qu’elle ressemble à celle de l’essence, qu’elle rend ivre. On dira aussi d’une texture qu’elle est proche de celle de la peau d’un nouveau-né, qu’elle fait penser au pelage d’un cheval. Cela aide le lecteur à mieux se représenter ce que l’auteur tente de lui décrire dans toute sa spécificité et son unicité.

La technique peut-elle étouffer le style ?

Le style d’un auteur n’est jamais étouffé par la technique ! Au contraire, la technique clarifie le style, le révèle.

Par exemple, quelqu’un qui apprend à danser ne perd pas son style parce qu’il développe sa souplesse ou sa force musculaire… Bien au contraire, c’est parce qu’il maîtrise de plus en plus son corps par la souplesse et la puissance, qu’il peut rendre ses gestes, son style, intelligibles et originaux.

Quand on commence une phase d’apprentissage aux techniques de la narration littéraire, on peut ressentir cette impression de « perdre son style ». C’est juste que l’on découvre des techniques que l’on ignorait jusque là. Ainsi, on perd les repères, les réflexes qu’on s’était donnés parfois sans s’en rendre compte. 

Pour filer la métaphore précédente, l’apprenti danseur classique a rarement l’impression de jouir de son style quand il est à la barre. Par contre, le jour où il maîtrise son corps grâce aux exercices répétés à la barre, il peut pleinement formuler son style. 

Donc non, vous ne perdez ni votre style, ni votre plume, ni votre génie, ni votre pureté en apprenant à écrire de la fiction et en vous familiarisant avec les règles de la dramaturgie et de la narration.  

La technique et le style, quelle est la vraie différence ? 

On peut donc en conclure que le style et la technique ne s’opposent pas. Il n’y a pas d’un côté « votre pureté et votre imagination » et de l’autre « le monstre froid de la technique ». Plus vous comprendrez les règles de dramaturgie et de narration, plus vos idées, votre imagination et votre langue vont s’affiner, se diversifier, être maitrisées.

De la même manière, on ne devient jamais un bon auteur de fiction si l’on ne pratique pas et si l’on ne fait que parler de techniques. La technique s’apprend, s’intègre et s’incorpore par la pratique. Et votre façon de pratiquer, c’est votre style !

Conclusion

Dès qu’on travaille un pan des techniques du creative writing, on travaille forcément sur son style. Mais pour des raisons pédagogiques, nous avons divisé nos stages par grandes techniques. Elles sont, bien entendu, toutes complémentaires. Chez nous, vous pouvez donc vous former aux techniques de la narration (Stage Les Outils, Stage Les Outils avancés), aux techniques de la dramaturgie (Stage Préparer et Construire, Stage 7 intrigues), aux techniques de genre (Stage Polar, Stage Science-fiction) et à la recherche d’idées personnelles et fertiles (stage Identifier ses territoires d’écriture). 

 

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