Devenir artisan de la fiction
Raconter une histoire, ça s’apprend. Comme on apprend à sculpter, à cuisiner ou à jouer du piano. Il faut des outils, des principes, un savoir-faire. Et du temps.
Chez les Artisans de la Fiction, on enseigne la narration comme un art rigoureux. Oui, vous allez réécrire. Oui, vous allez douter. Et oui, vous allez progresser. Parce que derrière chaque roman, il y a une architecture invisible, des choix précis, des gestes maîtrisés. C’est cela que nous transmettons.
Mais nous ne formons pas des machines à produire des intrigues calibrées. Ce qui nous importe, c’est que vous exploriez vos propres territoires d’écriture. Que vous découvriez ce que vous seul(e) pouvez raconter. Que vous mettiez votre langue, votre imaginaire, vos failles, au service d’un récit qui parle au monde.
Narration et héritage des formes : écrire avec les structures classiques
Raconter des histoires est un geste aussi ancien que la parole humaine. De l’épopée orale à la série contemporaine, la narration répond à un besoin universel : structurer l’expérience, transmettre, éprouver du sens. Si les formes évoluent, les structures fondamentales – celles qu’explorent les mythes, les tragédies, les romans – restent, elles, remarquablement constantes.
Northrop Frye l’affirme : « Les récits ne s’inventent pas, ils révèlent des formes anciennes. » Ces formes – voyage, quête, métamorphose, chute – ne sont pas des schémas figés, mais des architectures dynamiques. C’est en les comprenant qu’un auteur peut les réinterpréter.
Aux Artisans de la Fiction, nous pensons que chaque écrivain possède une intuition du récit, forgée par des années de lecture. Mais cette intuition demande à être cultivée. Écrire sans conscience des formes, c’est écrire en aveugle.
C’est pourquoi notre pédagogie conjugue pratique d’écriture et étude des modèles classiques. Non pour les répéter, mais pour s’y frotter, les absorber, les détourner. Car c’est dans ce dialogue entre invention et héritage que le récit devient vivant – et nécessaire.
L’APPRENTISSAGE D’UN ARTISANAT
Parvenir à raconter des histoires dépendra de votre capacité d’apprentissage et de votre investissement. La narration littéraire repose sur des règles et des techniques à assimiler et à pratiquer longuement avant de parvenir à les maîtriser. Écrire une histoire lisible requiert un travail de réécriture et de construction méthodique. Écrire une bonne histoire, c’est remettre son ouvrage cent fois sur le métier.
Cela nécessite aussi une exploration sincère et profonde de vos territoires d’écriture, c’est à dire votre sensibilité, votre expérience émotionnelle et la capacité à l’utiliser. Nous aspirons à former des artisans de la narration dotés d’une âme, d’une personnalité, d’une singularité, afin qu’ils puissent offrir à leur tour, leurs histoires au monde.
Écrire, ce n’est pas se contenter d’« avoir de l’inspiration ». C’est apprendre à transformer un chaos d’idées en récit vivant. Pour cela, nous avons conçu un parcours exigeant et progressif, en quatre grands axes :
Nos formateurs sont écrivains. Ils doutent, cherchent, se trompent, recommencent. Ils connaissent le chantier de l’intérieur. Et cette connaissance, ils la mettent au service de votre histoire, pas d’une méthode miracle.
Les Artisans de la Fiction, c’est un laboratoire de narration, un lieu où l’on apprend à écrire en se frottant au réel, à la théorie, aux autres, à soi-même.
Ce que le creative writing change
On vous a dit qu’écrire ne s’enseignait pas ? C’est faux. L’« inspiration », sans technique, donne des manuscrits bancals. Le creative writing est un ensemble d’outils pour structurer, affiner, révéler une œuvre. Pas pour l’uniformiser.
Cette approche née aux États-Unis enseigne la narration comme une discipline. Elle place le récit au cœur du texte, dans le roman, la nouvelle, la biographie, le scénario. Elle forme des auteurs qui savent ce qu’ils font, pourquoi ils le font, et comment toucher un lecteur.
Non, elle ne fabrique pas des clones. Elle permet à chacun de développer une voix singulière – mais lisible. Car un récit, c’est fait pour être transmis.
Héritages croisés : de l’Iowa à la France, d’Homère aux séries
Le creative writing n’est pas seulement une méthode, c’est un projet culturel. Né à l’Université de l’Iowa dans les années 1930, il répondait à une double ambition : construire une littérature nationale forte, et donner aux écrivains une profession – celle de transmettre leur art. Lire, écrire, relire : c’était une discipline, un artisanat, un engagement dans la forme.
En France, une autre tradition s’est imposée : celle des ateliers d’écriture libres, héritée des pédagogies Freinet. Dès les années 1970, ils ont permis à chacun de reprendre la parole, sans hiérarchie ni jugement. L’enjeu n’était pas tant la maîtrise technique que la reconquête d’une voix.
Les Artisans de la Fiction croisent ces deux approches. Nous défendons la liberté d’inventer, mais aussi l’exigence de construire. Nous pensons que la singularité ne se décrète pas : elle se travaille. Et ce travail est un métier.
Recréer un artisanat de la narration en France
Écrire, ce n’est pas « avoir des idées » – c’est apprendre à les formuler, les incarner, les relier. Pour cela, nous lisons comme des écrivains : non pour consommer des histoires, mais pour en comprendre les mécanismes, les choix, les effets. L’écriture s’apprend comme on apprend la musique ou le dessin : en regardant ce que font les autres, en s’essayant, en recommençant.
Car les histoires ne naissent jamais ex nihilo. Elles héritent, elles citent, elles déforment, elles combinent. Elles traversent les âges, les genres, les supports. Du théâtre antique à la série télévisée, en passant par le roman gothique, la comédie romantique ou le récit d’enquête, elles partagent des structures, des motifs, des formes de tension et de résolution.
C’est pourquoi notre pédagogie articule apprentissage des structures et invention personnelle, analyse des modèles et essais narratifs. Parce que raconter, c’est entrer dans une tradition vivante, la comprendre de l’intérieur pour mieux la renouveler.