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Pierre Bisiou : Faire connaître l’auteur


Pierre Bisiou est éditeur depuis 30 ans. Il a cofondé la maison d’édition « Le serpent à plumes ». Il présente sa nouvelle maison d’édition, les éditions « Matin calme », spécialisée dans le polar coréen. Il dévoile les spécificités de ce genre, revient sur sa longue expérience éditoriale et donne ses conseils aux jeunes auteurs.


Quelle est votre ligne éditoriale ?
Alors maintenant, on va ouvrir un peu, mais à la base – on a créé la maison en janvier 2020 – c’était que du polar coréen. Maintenant, on ouvre un petit peu, mais en restant dans le domaine, toujours, de la littérature coréenne.

Est-il plus facile de publier des traductions ?
C’était le pari. Bon, c’est quand même compliqué d’émerger quand on lance quelque chose de neuf. Donc l’idée c’était d’arriver à avoir une ligne simple à la fois du polar et pour être encore plus simple, encore plus identifiable, le polar coréen. Ou l’inverse d’ailleurs. De la littérature coréenne et à l’intérieur, le polar.

D’où vous est venu le désir de vous spécialiser sur le polar coréen ?
Alors ça, ça existait, bien sûr. Il y en avait quelques uns, mais ils n’étaient pas tellement identifiés comme polar coréen. C’est-à-dire qu’on a trouvé… il y avait Kim Young-ha chez Picquier, par exemple.
En fait, je suis tombé sur un article du Guardian il y a quelques années, qui annonçait l’arrivée du polar coréen comme l’équivalent du polar nordique. Et c’est vrai qu’il y avait ces auteurs qu’on connaissait : Jeong You Jeong ou Kim Young-ha qui étaient comme ça, dispersés un peu à gauche, à droite. Et le pari de la maison, c’est-à-dire : on va faire une vraie collection de polars coréens pour réunir tous ces auteurs et pour porter cette nouvelle vague coréenne.

Quelles sont les spécificités du polar coréen ?

Sa grande qualité, c’est qu’il y a très peu d’influence. C’est-à-dire que les Coréens ont eu assez peu de traductions de polars.

Il y a eu une génération qui a connu Agatha Christie, Conan Doyle, ce genre de choses. Bon, maintenant tu peux trouver là bas Grisham ou Stephen King, qui est très connu là bas, mais sinon ils n’ont pas eu tellement d’influence. Donc il y a une espèce de causa sui du polar coréen qui qui est très agréable, qui fait que c’est une création qui surprend. Honnêtement, à chaque fois qu’on lit les polars coréens, on est surpris, on a quelque chose d’autre et pour moi, c’est ça quand même la grande spécificité, c’est leur attachement aux personnages, leur attachement aux scènes. Ils ne sont pas forcément en prise sur le réel, ils ne sont pas forcément à chercher des intrigues hyper compliquées et ajustées au quart de poil, ce n’est pas trop leur intérêt. Et ce qui fait que quand on les lit, on est surpris, on est désarçonné, on est dérouté. Mais c’est aussi ce qui fait le plaisir de la lecture, je pense.

Est-ce votre première expérience éditoriale ?
Je dois doucement approcher les 30 ans d’édition, donc j’ai été très longtemps dans une maison qui s’appelait « Le Serpent à plumes ». Et puis j’avais aussi créé avec des amis une maison qui s’appelait « Ubu ». Voilà. Mais on était dans la littérature étrangère, beaucoup, pas uniquement la littérature française étrangère, et c’est vraiment l’inverse de ce que je suis aujourd’hui, c’est-à-dire quelque chose de très très diversifié, très ouvert. Et on a vu d’année en année que c’était de plus en plus difficile de défendre l’éclectisme absolu qu’était « Le serpent à plumes » et que les gens avaient besoin d’identifier mieux les choses.
Et c’est pour ça qu’on a un petit peu fait ce pari inverse du polar coréen. 

En 30 ans, comment avez-vous vu évoluer le monde de l’édition ?
Mon dieu, je ne sais pas. Il y a bien évidemment les regroupements. Il y a aussi toujours des nouvelles maisons qui se créent. Donc ça, c’est comme la librairie, ça vit quand même. C’est des milieux qui sont très vivants.

Maintenant, les grandes évolutions, c’est un marché qui se resserre de plus en plus sur sur quelques grosses machines, avec un énorme marketing, de plus en plus de littérature des Etats-Unis quand même très très marketée et bon, c’était déjà présent, ça ne fait que devenir de plus en plus important. Et c’est notamment aussi le travail des agents qui aggravent peut-être encore ce resserrement de l’édition, du champ éditorial.

Mais heureusement, il y a toujours des petites maisons qui se créent et qui développent des nouvelles idées et on trouve plein de choses très très chouettes quoi, partout.

Depuis quand existent les éditions Matin Calme ?
Alors, on s’est créé en 2019, mais le premier titre est sorti en janvier 2020, donc quelques mois avant la crise. On a eu le temps de sortir 2 livres à peu près avant le début du covid et bon bah voilà, il y a eu une passe difficile. Et là, c’est le plaisir d’être à Quais du polar sur ce temps merveilleux, c’est d’avoir une autre piste qui est présente et de pouvoir parce qu’il faut vraiment pour donner envie aux gens je crois, de découvrir, d’essayer notre littérature. C’est important de passer par l’auteur. Par exemple, il y a Seo Mi-Ae qui est présente à Quais du polar et c’est très important pour nous.

Quel est le rôle d’un éditeur ?
Le premier rôle d’un éditeur, c’est le choix : choisir un auteur, choisir un texte et le deuxième, c’est une mission de vente, au sens large. Enfin, il y a l’aspect commercial, évidemment, mais cela veut dire faire connaître l’auteur.

Moi, j’ai un peu souffert à certains moments, dans certaines maisons, d’être sur une littérature de pointe qui était très difficile à faire connaître. Donc le choix du polar, c’est aussi pour ça, c’est de toucher un public plus large et que ces auteurs, on arrive à les faire lire à l’extérieur et je crois que c’est là où il y a le plaisir éditorial de faire un choix et de proposer un auteur. Mais il y a aussi ce qu’on doit à l’auteur qui est de lui trouver des lecteurs et de le faire lire. D’où aussi des manifestations comme Quais du polar.

Quel serait votre conseil à un auteur débutant ?
Oh, pas de conseils, aucun conseil, vraiment.
Je crois qu’il faut toujours se lancer. Le seul conseil serait de faire lire autour de soi pour avoir un retour sur son travail. Je pense que, trop souvent, les auteurs peuvent être un petit peu enfermés dans leur monde, surtout au début. 

Donc avant d’envoyer un manuscrit. Faites le lire autour de vous et pas qu’à des proches. Il faut tester un peu. Et puis il faut essayer et surtout le lisez parce qu’il faut arriver à se comparer et pour se situer aussi.


Découvrez notre interview de l’autrice de polars coréenne Seo Mi-Ae

Interview : Lionel Tran Montage : Ryu Randoin
Remerciements à Pierre Bisiou

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