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Pourquoi aime-t-on les tragédies ?


Les intrigues tragiques font partie des histoires les plus anciennes de l’humanité. Avec les comédies et les quêtes, elles forment le terreau des grands poèmes antiques et pièces de théâtre qui fondent la littérature mondiale. Les tragédies nous angoissent et nous font pleurer… tout en nous faisant frissonner de plaisir. Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui nous plait tant à voir des personnages souffrir ?

Contrairement à ce que laisse penser le langage courant, le mot « tragédie » ne désigne pas le destin d’un personnage à qui il n’arrive que des malheurs. D’ailleurs, en tant que lecteur de romans ou spectateur de films, nous ne nous attachons pas vraiment aux personnages de victimes. Les petits Calimeros pétris de bonnes intentions attisent en nous de la pitié dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas, ils nous agacent.

La tragédie, structure narrative identifiée par Aristote, fait partie des 7 intrigues fondamentales proposées par Christopher Booker. Une tragédie, au sens classique du terme, montre la chute d’un personnage, la spirale vers sa destruction. Une tragédie est proprement tragique lorsque le personnage principal est (au moins en partie) responsable de ses malheurs, de sa chute et de la chute de ses proches. Son problème ? Il n’est ni méchant, ni mal intentionné… c’est juste un type normal, mais qui nourrit – comme nous tous – une croyance erronée, ou bien qui se retrouve empêtré dans une faiblesse qui lui est propre.

Prenez Anton Hofmiller, le protagoniste du roman « La Pitié dangereuse » de Stefan Zweig. Voilà un personnage sympathique qui se prend de compassion pour une jeune femme handicapée, Edith, qu’il a malencontreusement vexée lors d’un bal. N’ayant pas vu qu’Edith était en fauteuil roulant, Anton l’a invitée à danser, puis mortifié par sa méprise, s’est enfuit. Le problème d’Anton n’est certainement pas d’avoir été aveugle au handicap d’Edith. Son problème, c’est d’éprouver pour la jeune femme une pitié, une compassion, qui va les détruire tous les deux.
Car pour racheter sa culpabilité, Anton passe du temps avec la jeune femme, la fait rire, lui remonte le moral, et lui fait même miroiter la possibilité d’un remède miracle. Il n’arrive pas à supporter la situation dans laquelle elle se trouve, et, ne sachant comment l’aider autrement, finit par lui être indispensable. Jusqu’au jour où Edith lui avoue son amour et qu’Anton, qui n’est pas amoureux d’Edith, se retrouve pris dans un piège qui provoquera sa chute, mais surtout celle d’Edith.

En tant que lecteur, ce qu’on aime dans une tragédie, c’est de voir des personnages qui nous ressemblent : pas des mauvais bougres, mais des individus avec des faiblesses, des obsessions, des systèmes de défense défaillants et qui génèrent leur perte.


La puissance d’une tragédie, c’est qu’elle ne rattrape pas son personnage là où la réalité nous aide bien souvent à nous sortir des conséquences de nos mauvais pas et de nos travers. La tragédie pousse le vice jusqu’au bout et nous montre les conséquences d’une situation extrême. Et en tant que lecteur, nous prenons plaisir à assister à ce qui – dans la réalité – nous terrifierait. Mais comme il s’agit de fiction et de personnages fictifs (mais ô combien crédibles), nous savons que notre fascination est purement virtuelle.

C’est ce que les grecs appelaient la « catharsis », c’est-à-dire le pouvoir qu’ont les fictions de nous montrer des situations qui nous angoissent afin de « purger nos passions », d’assouvir notre besoin de savoir et de voir de choses terribles, déculpabilisés par le filtre fictionnel.

La « catharsis » n’est évidemment pas un effet limité aux tragédies et encore moins aux œuvres classiques grecques. Réfléchissez au plaisir que vous pouvez avoir à regarder un film d’horreur, ou même, à vous rendre sur une montagne russe : le principe est le même. Vous vous mettez dans une situation de danger tout en sachant qu’elle est fictive pour en apprécier pleinement la sensation.

La tragédie et la trajectoire de ses personnages sont ancrées dans un schéma narratif ancien, précis, que nous, aux Artisans de la Fiction, adorons enseigner, analyser et décortiquer avec nos élèves. Dans les stages « Raconter avec les 7 intrigues fondamentales » et « L’Arc transformationnel du personnage », vous apprendrez à repérer ce qui constitue une bonne tragédie, et grâce aux modèles, vous apprendrez à les construire. Et pour les plus féroces d’entre vous, plongez dans notre stage « Écrire l’horreur ».

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