Assez des carnets remplis d’idées stériles. Une idée de roman, une vraie, c’est un virus. Elle s’installe. Elle mute. Elle vous oblige à écrire. Le reste ? C’est du bruit mental. Pourquoi vos idées ne valent rien… tant qu’elles ne vous hantent pas
1. L’idée n’est pas une fulgurance, c’est une obsession
Nicolas Lebel, romancier et scénariste, ne mâche pas ses mots. Oubliez la magie de l’illumination. Une bonne idée, pour lui, se reconnaît à sa ténacité. Ce n’est pas la plus brillante. C’est celle qui revient, qui s’entête, qui attire les autres idées comme une étoile noire son cortège de satellites.
« Une bonne idée, c’est d’abord une idée qui reste. Qui s’implante. »
Lebel renverse le mythe romantique. L’idée n’est pas une visite divine, c’est un noyau d’agrégation. Et cette agrégation — c’est vous qui la nourrissez.
2. Une bonne histoire est une collision : personnage, lieu, tension
Pas de recette, mais une mécanique. Pour Lebel, toute idée de roman s’ancre dans trois éléments fondamentaux :
- un personnage complexe, ni héros ni outil ;
- une arène (lieu, contexte social, politique, historique) qui le contraint ou le révèle ;
- une situation de crise ou de déséquilibre.
« On n’écrit même pas une bonne intrigue si le personnage est intéressant comme un bout de pain. »
Ce qui prime, ce n’est pas l’intrigue, mais la friction entre les éléments. Un personnage générique dans une ville générique n’a rien à raconter. Mais un flic idéaliste à Calais, un ado cynique à Naples ou une biologiste paranoïaque sur une base arctique ? Là, la fiction commence.
3. L’idée doit survivre à la réécriture
Lebel confesse une manie : il réécrit tous les jours ce qu’il a écrit la veille. Pour lui, une idée digne de ce nom ne craint pas le feu des corrections. Elle s’affine, elle se durcit, elle se transforme.
« C’est un magma bouillonnant et fumant. Jusqu’au jour de la publication. »
Cette malléabilité est cruciale. Une idée figée meurt. Une idée trop sacrée vous enferme. Une bonne idée est une promesse de mouvement.
4. Fiction littéraire et fiction audiovisuelle : même combat
Contrairement à ce qu’on croit, Lebel ne sépare pas l’écriture de roman et l’écriture de scénario. Ce qui change, c’est la temporalité et le degré de contrôle du processus.
Dans un scénario, l’idée est d’abord vendue en une page, puis déployée en séquences, dialoguée, validée étape par étape. Dans un roman, tout cela se fait en coulisses. L’auteur est seul. C’est un marathon. Il écrit sans filet, mais avec autant de structure.
« Écrire un roman, c’est un artisanat. »
5. L’époque dicte sa forme
Dans un passage puissant, Lebel affirme que notre époque appelle une hybridation narrative. Les genres classiques explosent. Le polar flirte avec le gothique. La littérature blanche se grime en thriller.
« Le but du jeu, c’est de mélanger et de surprendre. »
Mais cette liberté demande rigueur. Il faut connaître les genres pour mieux les subvertir. Il faut comprendre les rythmes contemporains, ceux de la série, du jeu vidéo, du cinéma.
6. Écrire pour quoi faire ?
Si l’on écrit, ce n’est pas pour décrire. C’est pour faire vivre. Lebel le martèle : le lecteur est l’acteur principal. Ce que vous croyez écrire n’existe que dans son esprit.
« On peut écrire un très bon livre. Il est meilleur une fois que le lecteur a mis le nez dedans. »
Et aujourd’hui, de quels récits avons-nous besoin ? De tragédies, peut-être, pour relativiser notre désastre. De romans noirs, pour plonger plus profond. Ou de fictions feel good, pour respirer. Peu importe. Ce qui compte, c’est la nécessité.
7. Un seul vrai conseil aux jeunes auteurs
Lebel ne donne pas de recette miracle. Il n’encourage pas à rêver publication. Il dit simplement :
« Terminez. »
C’est tout. Et c’est radical.
« Le travail commence quand on doit terminer. »
Une idée de roman, ce n’est pas ce qu’on griffonne dans un carnet. C’est ce qu’on mène jusqu’au bout.
Vous désirez apprendre à écrire des histoires qui donnent envie au lecteur de dévorer le roman ? Nous vous recommandons nos formations suivantes :