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Le creative writing, comment les anglo-saxons apprennent l’écriture ?


Le creative writing est peu connu en France. Pourtant beaucoup d’auteurs anglo-saxons ont assisté à des cours de creative writing et ils sont aussi nombreux à enseigner cette discipline. Les romanciers majeurs des AIR nous parlent de leurs expériences de professeur de creative writing.

 

Il y  a Joyce Carol Oates, John Irving, Bret Easton Ellis… et bien entendu JK Rowling, Paul Auster, Nancy Huston et tant d’autres !
La littérature anglo-saxonne contemporaine a beaucoup de facettes et ne se cantonne à aucun genre. Le succès médiatique et littéraire de nombreux de ses auteurs ne peut être réduit à la simple puissance économique des pays dont ils sont originaires.

Car les anglo-saxons sont d’excellents conteurs d’histoire… et c’est notamment grâce à la formation au creative writing dès leur plus jeune âge. Car aux Etats Unis et Royaume Uni, on apprend les bases du story-telling en même temps que les bases de grammaire et de la conjugaison.

Là où en France, les élèves sont encouragés à faire de l’analyse d’oeuvre et de l’histoire de la littérature, les élèves anglo-saxons sont formés aux bases de l’écriture de fiction dès le collège et ensuite au lycée.

Mais alors, qu’apprend-t’on dans les formations de creative writing universitaires anglo-saxonnes ? Que se cache-t’il derrière les fameux Master of Fine Arts (MFA) ? Et pourquoi de si bons auteurs en sortent-ils ?

Comment se déroule un cours de creative writing hors de nos frontières ?

À l’université, les cours de creative writing sont très différents des ateliers d’écriture tels qu’on peut les trouver en France.

Jane Smiley (“A Thousand Acres”, prix Pulitzer 1992) a été élève en master de creative writing avant de devenir professeur à l’Iowa State University puis à l’Université de Californie, Riverside. Elle explique comment se passe un cours de creative writing à l’Université.

Jane Smiley : Les classes ont entre 12 et 13 élèves. Quand j’ai commencé comme professeur, le trimestre durait 16 semaines, maintenant ce n’est plus que 10 semaines. Chaque semaine les élèves amènent une histoire écrites par leurs soins. Sur une durée de dix semaines ils amènent trois jets de trois histoires différentes puis le quatrième jet de l’une de ces trois histoires. Nous lisons tous l’intégralité des textes et ensuite ils se critiquent entre eux.

Dans un cours de creative writing : les élèves ne se jugent pas

L’idée est donc de regrouper des élèves qui ont déjà acquis les bases de l’écriture au collège et au lycée afin qu’ils fassent des retours critiques entre eux.

Jane Smiley : Mes élèves n’ont pas le droit de dire s’ils aiment ou s’ils n’aiment pas un texte. Si ce texte est bon ou non. Ils doivent seulement donner un point de vue technique. Par exemple, si un élève considère qu’une histoire d’un de ses camarades ne fonctionne pas, il dira : « À la page 12, pourquoi le personnage fait cela ? » L’élève qui a écrit l’histoire n’a pas le droit de répondre, il écoute les autres discuter de son histoire entre eux. Et chaque discussion sur chacune des histoires dure entre vingt et vingt-cinq minutes. Donc chaque histoire est analysée à chaque cours. Pour la séance suivante ils doivent écrire un nouveau jet de cette même histoire et après trois jets, ils mettent cette histoire de côté et recommence une histoire.

Les élèves apprennent ainsi à repérer ce qui fonctionne ou non dans le récit d’un autre afin de pouvoir repérer plus tard comment faire fonctionner leurs propres récits.

Formatrice aux Artisans de la Fiction, Julie Fuster a assisté l’autrice anglaise Rachel Bentham pendant un semestre d’enseignement avec des élèves de l’Université de Bristol.

Julie Fuster : La façon de procéder était très proche de celle de Jane Smiley. Rachel Bentham faisait des points techniques précis avec des exercices en début de cours, en revenant par exemple sur la technique du dialogue ou la caractérisation des personnages. Mais la majorité du cours était un moment de discussion technique poussée sur la nouvelle ou le texte court d’un élève présent. J’ai remarqué que les élèves maitrisaient le langage technique de la narration. Mais certains d’entre eux suivaient le cours de Rachel depuis plusieurs années.

La question du talent

Les élèves apportent des textes personnels et produisent eux-mêmes les retours qui permettront à leurs collègues de s’améliorer. Mais alors, quel est le rôle du professeur de creative writing ? Est- il là pour repérer et encourager le talent ?

L’écrivain britannique Jonathan Coe considère qu’on ne peut pas enseigner l’écriture, seulement des savoir-faire annexes, mais essentiels. Ces savoir-faire permettent au talent d’un auteur de prendre son ampleur.

Jonathan Coe : Évidemment vous ne pouvez pas enseigner le talent, parce que soit les étudiants ont du talent, ou ils n’en ont pas. Mais je pense qu’il y a beaucoup de choses que vous pouvez faire dans un environnement formel pour écrivains. Vous pouvez leur montrer le genre d’erreurs qu’ils font, plus rapidement que s’ils étaient livrés à eux-mêmes. Mais aussi leur apprendre à lire d’une manière qui aide à écrire. Vous pouvez également leur donner du temps et de l’espace pour écrire et être encouragé. Je pense que ça peut être extrêmement bénéfique pour eux de suivre ce genre de cursus.

Une manière d’apprendre

L’auteur britannique Christopher Priest, que nous avons interviewé en dehors des Assises Internationales du Roman, explique qu’il n’est pas possible d’enseigner l’écriture (et par extension le talent !)… Le rôle du professeur de creative writing est d’encourager l’engagement personnel de l’écrivain dans l’apprentissage de sa propre écriture.

Christopher Priest : Le point essentiel est que l’on ne peut pas enseigner l’écriture. Pourtant l’écriture s’apprend. Le problème n’est donc pas de savoir comment enseigner, mais comment montrer aux apprentis écrivains la manière d’apprendre.

La puissance des auteurs anglo-saxons sur la production des fictions mondiales (vente de livres, adaptation au cinéma ou en série…) est liée à l’importante éducation des anglo-saxons à l’écriture de fiction. Les notions de “plot”, de “narrative” et de “storytelling” sont connues par le plus grand nombre, car enseignées dès l’école primaire. La figure de l’écrivain se rapproche plus de celle du conteur que de celle de l’intellectuel.

Pour aller plus loin

Vous avez envie de vous plonger dans un roman dont l’intrigue se situe dans un cours de creative writing américain ? Nous vous conseillons l’excellent roman “Blue Angel”. Son autrice, Francine Prose connait bien le sujet car elle a longtemps été professeur de creative writing.

Vous pouvez également rejoindre l’une de nos formations longues à l’écriture de fiction ou participer à l’un de nos stages pour apprendre à préparer et construire un roman, réfléchir à vos territoires d’écriture, vous former aux outils de la narration littéraire ou découvrir les 7 intrigues fondamentales.

assises internationales du roman virtuelles 2020

Si vous souhaitez aller plus loin, nous vous recommandons la lecture ou le visionnage des interviews intégrales de Mick Kitson, Jane Smiley, Cynthia BondDana SpiottaMatthew Neill Null et Jonathan Coe

Cet article est publié dans le cadre de l’édition virtuelle des Assises Internationales du Roman 2020

 

 

 

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