Quand la fiction se fabrique comme un reportage : immersion, rigueur, obstination.
« Pour moi, c’est les thématiques qui amènent les personnages, qui amènent l’action. Toujours. »
Chez Olivier Truc, le thème n’est pas un décor. C’est la graine. La boussole. L’obsession fondatrice. Pas de roman sans question. Pas de polar sans combat.
1. Thème d’abord, personnages ensuite
Oubliez les personnages qui apparaissent « comme par magie ». Chez Truc, rien ne vient sans nécessité.
« Quand je construis un roman, j’ai une idée assez précise du type de thématique que je vais aborder. »
Ce sont les sujets qui dictent la structure. L’environnement qui choisit la forme. L’Histoire (avec une grande H) qui appelle ses incarnations. Le personnage surgit parce que le thème l’exige. Il est là pour porter une problématique, un débat, un tiraillement. Il n’est pas là pour faire joli.
2. L’immersion comme méthode
« Je retourne sur le terrain tout le temps. Même après 30 ans. »
Un roman n’est pas une idée brillante dans un salon parisien. C’est une enquête. Coller au terrain. Une fidélité au réel.
Truc se documente, arpente, retourne sur les lieux, interroge, observe. Il joue au cartographe, au géographe, au sociologue. Pas pour plaquer une fiche Wikipédia dans son récit, mais pour que la fiction sonne juste.
Et ça prend du temps.
« Le Cartographe des zones boréales, j’en ai eu l’idée dix ans avant sa publication. »
3. L’écriture comme test de robustesse
Une fois le thème affûté, les recherches absorbées, le synopsis dégrossi… vient enfin l’écriture. Elle est explosive, rapide, tendue — parce que tout a été pensé en amont. Mais elle reste mouvante.
« Les personnages réclament leur droit d’exister par eux-mêmes. »
Même avec une fin connue d’avance, tout peut bouger. Le thème est une colonne vertébrale. L’écriture, elle, reste libre, organique, vivante.
4. Le roman n’est pas un document : c’est une transformation
« J’ai écrit un documentaire. Et ça n’a pas suffi. J’avais encore plein de choses à dire. »
Olivier Truc est un ancien journaliste. Mais ses romans ne sont pas des reportages. Ce sont des transmutations. L’écriture romanesque lui permet d’explorer ce que le réel ne suffit pas à dire. Le roman devient un espace d’interrogation prolongée. Une manière d’élargir la vérité, pas de la recopier.
5. L’hybridation comme éthique
Policier, historique, nature writing, non-fiction, anticipation ? Peu importe.
« Moi, j’ai un univers en tête. Dans cet univers, il y a des polars, du roman historique, du roman d’anticipation. Tous les moyens sont bons. »
Ce qui compte, c’est le propos. Pas l’étiquette. Truc refuse les cases. Ce n’est pas une posture de rebelle. C’est une logique d’artisan. Il construit chaque roman comme un outil adapté à sa matière.
6. Écrire pour donner du sens
« Ce que je cherchais dans une histoire, c’était des réponses. »
Ses récits sont habités par l’expérience, la mémoire, la transmission. Ils visent juste parce qu’ils viennent d’un besoin. L’envie d’expliquer. De réparer. De transmettre. Même dans le polar, il y a un engagement : géopolitique, écologique, intime.
« Je ne fais pas des livres pour passer le temps. Il faut qu’il y ait un minimum de sens. »
7. Les conseils d’Olivier Truc
« Si vous avez une idée en tête, poussez-la jusqu’au bout. Même si personne n’y croit. »
« Travaillez. Travaillez encore. Réécrivez. Comme un marathonien. »
« Faites-vous relire. Faites-vous aider. Et ne relâchez pas votre exigence. »
Conclusion : écrire à partir du thème, c’est écrire à partir d’un feu
Le thème est la braise. Il éclaire les scènes, il aimante les personnages, il impose le cadre. Ce n’est pas une option. C’est la condition pour écrire un roman qui frappe, qui remue, qui reste.
Si vous désirez vous lancer dans l’écriture, nous vous recommandons nos formations suivantes :
