On vous a fait croire qu’écrire relevait de l’inspiration divine ? Mensonge. Écrire un roman, c’est boucher ses oreilles, sortir son couteau et découper méthodiquement un éléphant. Morceau par morceau. Ceux qui rêvent d’écrire sans travailler finissent avec une indigestion de fantasmes.
« J’aime à dire qu’écrire, c’est un peu comme manger un éléphant. Comment on mange un éléphant ? Morceau par morceau. »
Thomas, ancien élève des Artisans de la Fiction, sait de quoi il parle : huit ans de travail, onze versions, des dizaines de bêta-lecteurs, et un premier roman publié, Migrer vers les hauteurs, chez Le Labyrinthe.
L’éléphant : une métaphore féroce mais juste
Écrire un roman n’a rien d’une fulgurance romantique. C’est un chantier long, lourd, parfois ingrat, où l’on doute, où l’on coupe, où l’on recommence. Thomas le formule sans détour :
« Il faut être pugnace. Il faut travailler, reprendre, réécrire. Ça se fait progressivement. »
L’image choque peut-être, mais elle dit la vérité : un roman ne s’avale pas d’un coup, il se mâche, il se digère, il se découpe.
Des Artisans de la Fiction à la publication
Thomas n’est pas sorti de nulle part. Il a passé trois ans dans les formations des Artisans de la Fiction.
« Les trois années aux Artisans de la Fiction, j’ai vraiment beaucoup aimé. J’ai appris la technique, la narration, mais aussi l’entraide entre apprenants. Et ça, ça change tout. »
Dans cet atelier-école, il a appris à bâtir ses chapitres comme un architecte : début, fin, pointillés. Il a aussi compris que les bêta-lecteurs sont des alliés précieux, qu’un regard extérieur peut sauver un roman d’un mauvais virage et qu’une fin trop brutale mérite parfois d’être retravaillée.
L’écriture : discipline et architecture
« Je suis un architecte. Je calibre mes chapitres, je sais où je veux aller. Mais il y a toujours une part de créativité spontanée qui vient s’ajouter. »
Ce mélange entre planification stricte et souplesse créative est au cœur de son processus. Pas de mystique : du travail, du papier, des versions. Thomas assume une vision artisanale, forgée à coups de lectures (L’Anatomie du scénario de John Truby, notamment), d’expérimentations et de réécritures.
Un protagoniste antipathique mais humain
Le pari était risqué : construire un héros d’abord détestable.
« Je voulais un personnage antipathique au départ, pour montrer son évolution. Mais il fallait aussi qu’il reste attachant. »
L’éditrice l’a poussé à renforcer les racines familiales, les rêves et les failles du personnage, pour éviter le rejet. Résultat : un arc transformationnel cohérent, où l’arrogance initiale laisse place à l’humilité.
Conseils aux débutants : mangez votre éléphant !
À ceux qui se lancent, Thomas n’offre ni poudre magique ni recettes miracles. Juste une vérité provocatrice et saine :
« C’est un éléphant. Il faut le manger morceau par morceau. Qu’est-ce que je peux faire aujourd’hui ? Une page, une idée, un chapitre. Et surtout : écrire, c’est réécrire. »
Sa philosophie est claire : patience, persévérance, plaisir.
« Il faut que ce soit une source de plaisir, pas une dépense d’énergie. Le plaisir de rêver, d’imaginer, de se relire. »
Conclusion
L’image de l’éléphant résume tout : écrire un roman, c’est un marathon, pas un sprint. Chaque morceau avalé – un chapitre, une correction, un retour de bêta-lecteur – rapproche de l’achèvement. Thomas en est la preuve vivante : grâce à sa persévérance et à l’accompagnement des Artisans de la Fiction, son roman a trouvé sa place en librairie.
« L’écriture, ce n’est pas une illumination. C’est un travail de longue haleine. Mais c’est aussi un immense plaisir, si on accepte de le prendre morceau par morceau. »
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