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Ciseler chaque mot – Dörte Hansen


On n’écrit pas vite. On n’écrit pas bien dès le premier jet. Et non, ce n’est pas de l’angoisse perfectionniste. C’est de l’artisanat.

Dörte Hansen, elle, réécrit chaque phrase cent fois. Parce qu’elle respecte ses lecteurs.

« Écrire et réécrire, c’est peut-être la même chose. »

Quand Dörte Hansen dit cela, ce n’est pas une coquetterie d’écrivain. C’est un programme. Une éthique. Une manière d’écrire contre la vitesse et l’indifférence, à la main levée, phrase après phrase, cent fois s’il le faut. Parce qu’une bonne histoire mérite mieux que du vite-fait – bien-vendu.

1. Le doute comme méthode

« J’écris très lentement et je ne peux pas écrire une phrase tant que la précédente n’est pas correcte. Alors j’écris une phrase et je la réécris cent fois. »

Pas d’empilement. Pas de brouillon débité pour être retouché plus tard. Chaque phrase est posée comme une pierre dans un mur porteur. Hansen construit sans précipitation, sans panique. Elle travaille comme une sculptrice de la syntaxe, jusqu’à ce que le ton soit juste.

Et c’est cela qu’elle enseigne : la réécriture n’est pas une correction. C’est l’écriture même. Pas d’écriture sans relecture. Pas de roman sans ruminations.

2. Une phrase après l’autre

Le rythme de Hansen est volontairement lent. Un chapitre lui prend un an. Mais ce temps n’est pas perdu. C’est un temps d’attention. De précision. De fidélité à la voix intérieure.

« C’est comme un puzzle. Je déplace les mots. Je réécris encore et encore, jusqu’à ce que le son soit juste. »

Ce n’est pas une technique pour tous. C’est un art de vivre. Une façon de refuser l’empilement brouillon des manuscrits bâclés. Dörte Hansen ne cherche pas à aller vite. Elle cherche à dire vrai.

3. Le roman commence par une question

Comme tout grand écrivain, Hansen ne part pas d’un pitch. Elle part d’une inquiétude.

« Chaque roman commence par une question. Par exemple : pourquoi aimons-nous la mer, alors qu’elle ne nous aime pas en retour ? »

Le roman devient alors une longue tentative de réponse — et parfois, de non-réponse. L’intrigue est là pour servir la pensée, pas pour la contourner. Le travail de l’écrivain est une enquête existentielle. Une manière de tenir une question dans le creux d’un récit.

4. Réécriture et recherche : même combat

Dörte Hansen se documente énormément. Pour Quelque part en mer, elle a lu Moby Dick, des mythes nordiques, l’histoire de la pêche à la baleine. Puis elle a transposé cette matière dans un village imaginaire — où les détails sonnent juste, car le monde a été vécu avant d’être écrit.

Réécrire, pour elle, c’est aussi réancrer les faits dans une voix. C’est refaire résonner les sources dans une prose à la fois lente, musicale et incarnée.

5. Les multitudes dans un seul texte

Hansen déteste le narrateur omniscient. Elle préfère donner la parole aux personnages, dans une polyphonie maîtrisée.

« Je ne veux pas être ce narrateur qui sait tout. Je veux donner différents points de vue. »

Cela demande une écriture encore plus exigeante, car chaque voix doit être juste. Là encore, la réécriture devient une écoute. Un geste d’empathie. Un choix politique de diversité.

6. Le conseil de Hansen

« Si vous pensez que vous ne savez pas écrire, continuez à écrire. Faites confiance à votre histoire. N’abandonnez pas. »

C’est simple. Mais c’est essentiel. Écrire, c’est résister au doute. C’est revenir à la phrase. L’effacer. La recommencer. Jusqu’à ce qu’elle chante juste.

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