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Faut-il avoir du talent pour écrire ?


Toute personne qui écrit développe un rapport étrange à son écriture. Il y a des jours où on se sent le dernier des nuls, d’autres où l’on a l’impression que les idées ou les mots viennent sans effort. Il y a des jours où l’on se sent doué(e), voire surdoué(e), d’autres où l’on se dit qu’on n’est pas fait pour ça. Mais y a-t-il des gens “faits” pour l’écriture ? L’écriture nécessite-t-elle du talent ? Que se passe-t-il si l’on n’en a pas ? Quel rôle joue le talent dans l’écriture ? En bref, faut-il avoir du talent pour écrire un bon roman ? 

Le rôle du talent dans l’écriture d’un roman ?

On vous rassure tout de suite, le talent n’existe pas ! Il n’y a pas de gène spécial “écriture” ou de gène “inspiration” dont disposeraient certains élus, un peu par hasard. Et d’ailleurs, cela vaut pour tous les domaines artistiques ou artisanaux ! Personne ne naît en sachant faire la cuisine, en étant un pianiste d’exception ou étant un génie de l’aquarelle.

Il existe – peut-être – quelques exceptions, de gens exceptionnels capables de maîtriser totalement un art à l’âge de 5 ans, comme ce fut le cas pour le jeune Mozart et la musique. Mais ils représentent un pourcentage tellement infime de la population. Rapporté au nombre de bons romanciers, ce pourcentage est même trop infime pour être seulement pris en compte ! Si seulement les génies écrivaient de bons romans, il n’y aurait pas grand-chose à vendre dans les librairies.

Mettre l’inné de côté

En mettant l’inné de côté, il ne s’agit pas non plus de nier les prédispositions culturelles. Bien sûr qu’il existe des milieux sociaux, des époques voire des cultures, qui favorisent le sens de l’écriture. Par exemple, un enfant né dans un milieu où l’accès aux livres et à l’écriture est encouragé et valorisé aura plus tendance à avoir un rapport confiant dans ses capacités d’écrivain qu’un enfant qui n’aura jamais été stimulé dans ce sens ou qui n’aura pas eu accès à une éducation aux livres, aux romans, à la fiction. C’est d’ailleurs ce que l’on appelle « l’acquis » par opposition à ce qui est inné.

Mais une prédisposition culturelle à l’écriture en elle-même ne suffit pas. Il faut l’investir par un goût sincère pour le domaine, par un apprentissage réel et par une pratique régulière. Ce n’est pas parce qu’on a beaucoup lu de romans qu’on sait écrire de bonnes histoires. Tout comme ce n’est pas parce qu’on est fan d’un personnage que l’on sait construire des personnages inoubliables. Avoir une bonne orthographe ou connaître les codes littéraires ne sont pas non plus des prérequis pour écrire une histoire puissante et touchante. 

Avec ou sans prédisposition, l’écriture d’un bon roman requiert un apprentissage sérieux, de la pratique, de la patience, de la persévérance, de la régularité, de l’humilité… pas du talent !

Le talent dans l’écriture de roman… c’est de savoir apprendre !

Vous l’aurez compris, nous sommes convaincus que le rôle du talent dans l’écriture est inexistant. Si talent il y a, c’est dans la capacité d’apprentissage. Il est indéniable que certaines personnes apprennent plus vite que d’autres. Soit parce qu’elles comprennent plus rapidement et plus complètement des notions nouvelles. Soit parce qu’elles ont plus de facilité à les mettre en œuvre et à comprendre leurs erreurs. Mais là aussi rassurons-nous tout de suite. La capacité d’apprentissage est un muscle qui se travaille, s’améliore et s’entretient. L’idée principale c’est : plus on apprend, plus c’est facile d’apprendre ! 

Dans nos formations, il est très clair que les élèves qui s’épanouissent le plus sont ceux et celles qui ont régulièrement appris tout au long de leur vie. Et pas seulement dans des domaines associés à la fiction ! Parfois parce que cela leur était nécessaire. Par exemple, un ingénieur informatique doit toujours apprendre les dernières nouveautés techniques de son domaine. Ou parce que cela faisait partie de leur caractère. Peu importe les raisons. Ceux et celles qui ont été amenés à beaucoup apprendre dans leurs vies, sont ceux qui “savent” le mieux apprendre. C’est-à-dire comprendre, faire des rapprochements fertiles et les mettre en application.

Le talent c’est de se former et d’aimer ce qu’on fait !

Et pourtant, nous direz-vous, il existe de nombreux excellents romans écrits par des écrivains ou écrivaines qui n’ont jamais pris de cours de creative writing ! Et c’est tout à fait vrai. Emile Zola ou Haruki Murakami n’ont pas suivi de masters d’écriture et pourtant ils ont écrit de nombreux très bons romans. Est-ce là, la preuve que le talent joue un rôle dans l’écriture ? La question se pose-t-elle différemment pour eux ? Pas du tout !

Tout d’abord, il ne faut pas se laisser flouer par la connotation américaine du mot “creative writing”. Les formations à l’écriture de fiction existent depuis bien plus longtemps que le terme lui-même. D’ailleurs, elles ne sont pas forcément américaines. Dès le IVème siècle avant JC, Aristote compilait dans “La Poétique” des réflexions sur la dramaturgie et l’art de faire vivre des émotions à un spectateur. Plus proche de nous en termes d’époque et de géographie, de nombreux auteurs français du XIXème siècle ont été formés aux techniques de la narration. Notamment grâce à l’étude et à l’imitation des œuvres classiques, grecques, romaines… même si cet apprentissage a – par la suite – été évincé.  L’universitaire Violaine Houdart-Merot revient en détail sur cette idée dans l’entretien qu’elle nous a accordé.

Le rôle de l’inconscient

Et puis il y a l’apprentissage indirect, qu’on peut nommer de “passif” ou “d’inconscient”. En effet, lorsque nous lisons beaucoup de romans ou que nous regardons beaucoup de films, nous intégrons des règles de narration et de dramaturgie sans même nous en rendre compte. Par exemple, il nous paraît évident qu’une histoire ait un début, un milieu et une fin, sans qu’on ait besoin qu’un formateur nous le dise. Quand nous lisons une histoire dans laquelle il manque un début, un milieu ou une fin, nous avons tout de suite l’intuition que quelque chose n’est pas compréhensible, ou n’est pas clair dans cette histoire. Nous savons intuitivement que quelque chose ne va pas… l’étape suivante consiste à repérer le problème et savoir le réparer !

Il est donc possible d’apprendre à écrire un bon roman sans être formé directement… même si cela est toujours plus difficile d’écrire un bon roman “sans faire exprès” qu’en sachant ce qu’on fait et pourquoi on le fait !

Le scénariste Yves Lavandier explique précisément cette notion d’apprentissage intuitif, ses puissances et ses limites dans son interview.

Il est à noter également que dans nos formations, il apparaît que les élèves les plus épanouis sont ceux et celles qui sont les plus assidus mais aussi (et c’est souvent les mêmes !) celles et ceux qui apprennent le plus de manière “inconsciente” parce qu’ils lisent beaucoup de romans, voient beaucoup de films, en parlent, les décortiquent et s’interrogent beaucoup sur la fiction !

En conclusion

La seule prédisposition nécessaire pour toute personne qui souhaite écrire un roman (qu’elle se considère ou non talentueuse) c’est… d’aimer écrire ! Aimer créer des personnages, aimer construire des intrigues, aimer améliorer son texte, aimer le ré-écrire pour l’amener à sa puissance poétique ou émotionnelle maximale… C’est grâce à cela qu’elle pourra progresser et atteindre ses objectifs.

Il peut arriver qu’une personne arrive dans nos formations en n’ayant pas le goût des bonnes histoires, mais qu’elle cherche autre chose : une recette rapide, une façon de quitter son emploi actuel ou de changer de vie. Ces personnes-là, qui cherchent des raccourcis, sont celles qui se démotivent le plus vite. En effet, pour accepter l’effort que demande tout apprentissage, il est nécessaire d’avoir une véritable appétence pour le domaine.

Si l’idée de vous former et de donner le temps à vos forces de maturer, nous vous invitons à suivre un de nos stages de narration littéraire ou à vous inscrire à notre cycle.

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