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Le numérique, révolution pour les ateliers d’écriture


Comment le numérique révolutionne les formations d’écriture

La pandémie a bouleversé les ateliers et formations d’écriture, poussant depuis mars 2020 les ateliers d’écriture à basculer vers un format à distance. L’impossibilité de pouvoir se retrouver physiquement a ouvert de nouvelles perspectives à l’enseignement de l’écriture. Nous vous expliquons tout sur les ateliers d’écriture au format numérique. 

 

Depuis ses origines, l’enseignement de l’écriture littéraire s’est structuré autour d’un rituel : un enseignant et un groupe d’élèves réunis autour d’exercices et de la lecture des textes qui viennent d’être écrits, suivis de retours également oraux. La règle principale étant : tout le monde écrit et tout le monde lit. 

Ce dispositif garantit un espace sécurisé où il ne s’agit pas d’attaquer les textes qui viennent d’être partagés, de les juger, de dire si on les aime ou pas. L’objectif est de mettre tout le monde sur un même pied : celui d’apprenti.

L’espace protégé de l’atelier d’écriture 

Très souvent, lorsque l’on se lance dans l’écriture, on compare avec angoisse ce que l’on écrit avec la maîtrise des auteurs que l’on aime lire. En tant que lecteur, on se définit par ses goûts. Lorsque l’on passe de l’autre côté de la barrière, cela peut être difficile car les écrivains que l’on admire ont souvent traversé des dizaines d’années d’apprentissage et d’échecs avant d’atteindre la maîtrise de leur artisanat.

En tant que lecteur et en tant qu’apprenti écrivain, on ne voit pas ces étapes. On juge la qualité d’une histoire à l’aune d’autres histoires : est-elle originale ? Est-elle bien écrite ? Nous parle-t-elle ?
Quand on lit des débutants, on a malheureusement tendance à avoir vis-à-vis d’eux les mêmes exigences que l’on a vis-à-vis de nos préférences littéraires. Et cela peut être destructeur pour ces apprentis car ils ne sont pas aussi outillés que les auteurs.

Le premier bienfait de l’atelier d’écriture est donc de garantir un espace protégé, où on ne sera pas attaqué sur ses maladresses. 

Le plaisir d’être réunis en atelier

Le terme « atelier » à été associé aux espaces de partage de l’écriture depuis la fin du 19ème siècle aux Etats-Unis, où sont apparus les Writing Workshops, que l’on peut littéralement traduire par… ateliers d’écriture. 

Dans son imposante « The Program Era: Postwar Fiction and the Rise of Creative Writing » / L’ère du programme : fiction d’après guerre et montée du creative writing », l’universitaire américain Mark McGurl, explique l’origine de cette appellation.

Les premiers writing workshops s’inspiraient d’ateliers de théâtre collectifs et permettaient aux nouveaux immigrants de raconter leur histoire. La plupart de ces immigrants travaillaient dans des ateliers de construction ou de fabrication. Le terme a été choisi pour sa familiarité avec ces mondes professionnels. 

On se retrouvait donc, après le travail, dans un espace collectif où, sous la guidé d’un intervenant issu du monde artistique, on pratiquait l’écriture de manière ludique. La dimension collective était garante d’un autre lien social, en dehors de l’espace du travail ou de la famille. 

Et finalement, les ateliers d’écriture sont restés proches de cette dimension. On vient dans un atelier d’écriture pour trouver un espace en dehors des cadres habituels de son existence afin de rencontrer des personnes que l’on aurait peut-être jamais côtoyées ailleurs. Tout le monde est motivé par un intérêt commun : raconter des histoires. 

Le problème de l’oralisation des textes

Bien sûr, il n’était pas question de numérique à l’époque. L’atelier d’écriture ne demandait que peu de matériel : de quoi écrire (crayons, stylos, et papier). Ne pouvant pas être tapés à la machine (et encore moins sur ordinateur), les textes ébauchés en atelier étaient lus à voix haute.

La proximité d’origine des writing workshops avec les ateliers de théâtre ont probablement facilité cette pratique. La lecture orale des textes permettait le partage immédiat de ce qui venait d’être écrit.
Les consignes liées à la lecture étaient variables : ne pas critiquer son propre texte avant de le lire afin de ne pas parasiter la perception du lecteur, ne pas interrompre la personne qui lit…

Pendant ce temps, l’intervenant prenait des notes afin de faire une restitution du texte lu et, parfois, formuler des retours : souligner ce qui marche particulièrement, parfois proposer des pistes de réécriture. Ce dispositif, toujours présent aujourd’hui, confère à l’atelier d’écriture une dimension de recueillement, quasi religieuse : dans le silence, on boit le texte d’autrui avec ses oreilles. Au point qu’il semble inimaginable de concevoir un atelier sans lecture orale des textes.

Ce temps de lecture représente souvent la moitié du temps de l’atelier d’écriture.

L’atelier d’écriture dématérialisé

Les rituels de la messe de l’atelier d’écriture sont restés les mêmes. L’imagerie même de l’atelier d’écriture est ancrée dans la tradition : la plume d’oie et l’encrier, qui sont plus un souvenir qu’une réalité de la pratique d’écriture aujourd’hui.

Aux Artisans de la Fiction, nous A-DO-RONS la tradition et nous défendons le bien fondé d’une approche classique de l’enseignement : étude, exercices, devoirs, lectures imposées, et évaluations. Nous avons même réhabilité le tableau noir. Nous adorons également le support papier. La preuve : nous sommes probablement le seul atelier d’écriture au monde à posséder et à utiliser des machines de façonnage pour fabriquer nos manuels de formation !

Et lorsque nous avons dû basculer en télé enseignement nous avons soudain perdu l’accès à nos outils favoris : nos généreuses bibliothèques de creative writing, nos manuels et nos tableaux.

Pour nous, il était impératif de ne pas interrompre les formations en cours. Donc, comme tous nos concurrents, nous avons basculé en télé enseignement en mars 2020 …avec la crainte de perdre l’essence de l’atelier d’écriture.

Un atelier d’écriture en visioconférence ?

Le 1er confinement a pris tout le monde de court. Pour ne pas arrêter de travailler et d’enseigner, diverses solutions ont été improvisées. Très vite, la visioconférence s’est imposée, y compris au sein des ateliers d’écriture. Mais ce n’est pas le choix qu’ont fait Les Artisans de la Fiction.

Que permet la visioconférence ? De se voir, malgré la distance. C’est le plaisir de scruter le visage des autres stagiaires, de l’animateur. Et le léger voyeurisme d’apercevoir un coin de chez les autres. Mais a-t-on envie de voir les autres taper sur leur clavier ? Non, d’ailleurs les caméras sont en général coupées pendant les temps d’écriture.

Reste le plaisir de voir également l’autre lire son texte, après l’avoir écrit.

Depuis le début des Artisans de la Fiction, en 2014, nous n’avons pas cessé d’aller à contre-courant de ce qui se propose en France dans les ateliers d’écriture depuis les années 1970. D’entrée de jeu, nous avons décidé de ne pas utiliser la visioconférence. Pourquoi ?

Pas de visio dans nos ateliers d’écriture en numérique

Tout d’abord pour éviter les problèmes de connexion. Tous nos élèves n’ont pas le même accès à internet. Nous ne voulions pas que certains soient défavorisés.

Ensuite par respect de nos élèves. Se filmer, mettre en scène son intérieur demande du travail. Tout le monde n’en a pas l’habitude, ni la possibilité.
Pour préserver l’intimité de nos élèves. Les disparités sociales ne sautent pas aux yeux dans un atelier présentiel. En visioconférence, la différence de standing est immédiatement perceptible entre celui dont le bureau est aussi grand que l’appartement de l’autre. 

Nous anticipons également la “Zoom fatigue” qui allait frapper ceux qui passent déjà la semaine en télétravail avant de rejoindre l’atelier d’écriture.
Nous avons donc décidé d’explorer d’autres outils nous permettant de mieux servir notre approche de l’enseignement de l’écriture.

La puissance des outils d’écriture participative

Les Artisans de la Fiction ont décidé d’utiliser la plateforme Discord. Cette plateforme est massivement utilisée par les jeunes et les amateurs de jeux vidéo. Et elle a aussi été utilisée par beaucoup d’enseignants de l’Education Nationale suite aux difficultés rencontrées par la plateforme laclasse.com. 

Pourquoi Discord ? Pour la légèreté et la facilité d’utilisation. Discord permet d’échanger vocalement et par écrit en direct. Discord dispose bien sûr d’une fonction vidéo (mais nous ne l’utilisons pas, pour les raisons évoquées ci-dessus).

Nous avons donc commencé à explorer l’atelier d’écriture en podcast live interactif (le formateur parle, les élèves peuvent prendre la parole). 1ère découverte : du fait que tout le monde peut intervenir par écrit. Quand un élève prend la parole, cela n’empêche pas les autres de réagir également par écrit.

Lors du deuxième confinement, nous nous sommes retrouvés face à un nouvel enjeu : comment proposer un atelier d’un an en télé-enseignement qui soit plus satisfaisant qu’un atelier en présentiel ?
Nous avons rapidement utilisé l’écriture participante. De quoi s’agit-il ? L’écriture participative a été développée par des informaticiens afin de pouvoir écrire un programme à plusieurs mains simultanément. C’est-à-dire ? Tout le monde écrit en même temps sur un même fichier. Et cela a révolutionné les ateliers d’écriture.

La révolution des ateliers d’écriture numérique

Les formations proposées par Les Artisans de la Fiction reposent sur une pédagogie classique. Nous utilisons de nombreux documents écrits : extraits, fiches théoriques, tableaux d’intrigues. En plus des textes des élèves, que nous faisons souvent réécrire à plusieurs reprises. 

La bascule de ces documents dans un espace où les élèves peuvent les annoter et compléter en direct, seuls ou par petits groupes a transformé la pratique écrite en atelier. Au lieu d’être seul, penché sur son cahier, en tentant d’écrire le plus possible durant le temps d’écriture, on écrit en ayant accès à ce que les autres sont en train d’écrire. L’apprentissage gagne en profondeur, en souplesse et en dynamisme. 

En basculant nos ateliers d’écriture sur support numérique, nos élèves ont écrit plus que d’habitude. Ils ont eu la possibilité de retravailler leurs textes autant qu’ils le désiraient entre les séances, sans avoir à retaper leur 1er jet écrit sur papier.

Le temps de lecture d’un texte écrit est beaucoup plus bref que la lecture orale du même texte. L’assimilation de ce texte est plus précise, car chacun peut lire à son rythme. Les textes sont accessibles dans le dossier partagé, si on a envie de revenir dessus.

Et surtout l’écriture participative change tout pour le formateur, qui peut lire en direct ce que les élèves écrivent, et ainsi affiner son analyse. Lire les textes au fur et à mesure paraissait inimaginable jusqu’ici. 

De véritable formations d’écriture

Depuis leur origine, les ateliers d’écriture, pour des raisons techniques, ne pouvaient se faire que manuellement et en passant par l’oralisation. Cette tradition a perduré. Pour nous il n’est pas question d’abandonner ce qu’il y a de bon dans cette tradition : se retrouver, même à distance, pour écrire dans le plus grand respect mutuel.

En effet, nous proposons des formations d’écriture. 

Chez nous, l’apprentissage prime sur le plaisir d’expression immédiat (si c’est plus ce que vous recherchez, il existe des milliers d’ateliers vous offrant cela). Les outils numériques existent depuis longtemps, mais étaient tenus en dehors des ateliers d’écriture. Désormais, ils permettent aux élèves d’écrire et d’être lu simultanément.

Durant l’année 2020 2021  une centaines d’élèves inscrits en atelier présentiel a du basculer en télé enseignement. Même si le plaisir de se retrouver a manqué, l’écrasante majorité d’entre eux ne souhaite pas revenir à l’écriture manuelle et à l’oralisation des textes ! 

Outils particulièrement appréciés lors des ateliers d’écriture en numérique sur la saison 2020/21 :

T, réalisatrice :
Le télé-enseignement tel que proposé est épatant. L’interactivité via le serveur et les fichiers partagés sans le visuel habituel permet de se concentrer sur l’écriture et à la lecture. On rencontre les autres par leur récit, à travers leur univers narratif et leur territoires d’écriture.

C., rédactrice/correctrice :
Interactif, vivant, dynamique, riche, on est au travail et on est content d’y être, en plus, même à distance (à cause du Covid), on fait réellement partie d’un groupe au travail. L’interaction entre les participants est un aspect super intéressant et très enrichissant.

L, cadre marketing :
Interactions et retour du groupe très fructueux. Utilisation de Discord finalement très productive (parfois même mieux qu’en présentiel car cela oblige à partager les documents en live).

C, psychologue :
Le travail énorme fourni par les formateurs pour rendre accessibles et efficientes les séances en distanciel, l’animation et la dynamique de groupe, les retours des stagiaires, bien cadrés et féconds.

F, graphiste :
La dynamique de groupe dans les exercices sur Discord !

S, ingénieur systèmes ;
Discord en globalité : les salles virtuelles, la fluidité..

J, marketing
Le travail de groupe et le passage par l’écrit plutôt que l’oral.

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