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Les principales difficultés de l’écriture de roman – Quais du polar


On imagine souvent que le seul problème de l’écrivain, c’est le “syndrome de la page blanche”, le manque d’inspiration. Et si ce cliché masquait le vrai travail d’artisan que réalise le romancier ? Quels sont les problèmes concrets que doit affronter l’auteur : la construction de l’intrigue ? La description ? La cohérence d’ensemble ? Six auteurs de polars, romans  noirs et thrillers psychologiques révèlent les difficultés  liées à l’écriture de roman qu’ils surmontent.

Les auteurs de Quais du Polar racontent les principales difficultés dans l’écriture de roman

 L’imagerie d’Epinal représente l’écrivain en chemise blanche, les cheveux en bataille et la nuque courbée sur son parchemin, une plume d’oie à la main. Souvent, ses seuls problèmes sont l’alcool, la misère et les taches d’encre sur les doigts. Et l’attente du feu sacré. Cet éclair de génie qui fait se redresser la chevelure hirsute, et qui allume une flamme démoniaque dans les yeux, avant que la plume s’agite comme par magie et que les feuilles parcheminées volent dans les airs à la lueur d’une bougie.

Mais concrètement, dans la réalité réelle, qu’est ce qui se passe sur la page, comment travaillent les romanciers ? Et quelles sont les difficultés qu’ils rencontrent durant durant l’écriture d’un roman ?

Les difficultés liées à l’intrigue 

De la même façon qu’un charpentier pose les fondations de l’ouvrage qu’il entreprend, le romancier doit ébaucher et réaliser la charpente de son histoire. La romancière islandaise Yrsa Sigurðardóttir, nous parle de la difficulté à construire une  fin satisfaisante pour un roman :

Le plus difficile  c’est d’écrire la fin des mes romans. Mes histoires sont complexes et au début j’avais peur que la résolution finale soit trop compliquée à expliquer au lecteur et que ça devienne ennuyeux à lire. Plus vous avancez dans l’écriture d’un livre, moins vous avez de flexibilité. Au début du roman, tout est possible, vous êtes libre. Mais au fur et à mesure des décisions que vous prenez, vous perdez en liberté.

L’autrice de thrillers psychologiques canadienne Shari Lapena lutte avec l’intrigue, c”est à dire la structure interne du roman. Son objectif étant de créer une tension maximale.

Je suis connue pour mes intrigues, parce qu’elles sont très bonnes. Mais l’intrigue est pour moi ce qu’il y a de plus difficile. C’est pour ça que je commence par l’intrigue dans ma réécriture. Dans un thriller l’intrigue doit être tellement compliquée, elle doit être serrée, elle doit générer tellement de suspens que vous devez la travailler pour qu’elle créer un maximum de suspens dans chaque scène.

Les difficultés techniques d’un roman 

Créer une description 

Le romancier islandais Árni Þórarinsson avoue devoir faire particulièrement attention aux descriptions afin qu’elle créent l’effet escompté sur le lecteur :
Árni Þórarinsson : Je crois que c’est la description. J’ai des facilités dans l’écriture de dialogues. La création de personnages n’est pas non plus une entreprise trop difficile pour moi. Mais peindre un tableau d’une scène et faire passer au lecteur l’émotion que génère le paysage… je ne dis pas que c’est horriblement difficile, mais c’est ce qui m’est le moins naturel. La plupart des lieux que j’utilise dans mes romans sont des lieux qui existent vraiment.
Parfois je dois me rendre dans un lieu que je ne connais pas mais que je veux visiter pour l’utiliser. Un été j’ai loué un appartement à Barcelone et je suis installé sur le balcon pour écrire en plein soleil. Le problème c’est que j’écrivais un roman qui se passait en hiver… Du coup je regardais des vidéos pour m’aider à me reconnecter émotionnellement à l’ambiance de l’hiver.

Accrocher le lecteur 

L’auteur du best seller “La femme à la fenêtre”, A.J. Finn, a particulièrement bataillé avec le début de son roman, afin de le rendre le plus accrocheur possible :

J’ai beaucoup remanié la structure de “la femme à la fenêtre”. Pour moi, et pour personne d’autre. Les premiers chapitres ont changé, je les ai réarrangés plusieurs fois. C’est vraiment important que le premier chapitre soit accrocheur, qu’il soit une base solide.

La romancière australienne Jane Harper, journaliste de profession, a dû, elle, apprendre à se mettre à gérer les informations transmises au lecteur :

La phase de mise en place de la structure, lorsque l’on essaye de comprendre si l’histoire fonctionne, si elle est intéressante. Il faut se mettre dans la tête du lecteur, essayer de comprendre ce qu’il devra savoir, ce qu’il voudra savoir, ce qu’il ressentira à tel ou tel moment… C’est une étape difficile mais essentielle.

 Ecrire l’action 

L’auteur de “La femme à la fenêtre” a dû également faire face à une difficulté souvent sous estimée dans l’écriture de roman :

Contrairement à ce à quoi je m’attendais, les dialogues ne m’ont pas posé de difficultés. Le plus difficile pour moi, c’est l’action. Écrire l’action, est très difficile. Faire simplement se déplacer un personnage du canapé à la fenêtre, sans que cela soit ennuyeux, ça peut vraiment être un casse-tête. C’est vraiment très difficile.

Tous ces auteurs travaillent “l’intrigue”, “la tension”, “la description”, mais est-t-on obligé d’utiliser ces outils lorsque l’on veut écrire quelque chose d’original, de non formaté, et qui ne ressemble pas à un roman classique ? 

Connaître ET maîtriser les règles pour les briser

L’auteur de roman noir Todd Robinson, barman de profession, est un iconoclaste. Mais pour briser les règles, encore faut il les connaître.

Todd Robinson : Je n’ai pas nécessairement « appris les règles ». C’est plutôt que ce genre m’a parlé dès que je l’ai découvert. J’ai tout de suite compris que le type d’histoires et de personnages qu’on y trouvait étaient les mêmes que dans ma vie. Je travaillais dans des bars mal famés, où les clients étaient tous des criminels. Il y avait entre nous une tradition de se raconter des histoires. Alors quand j’ai commencé à lire des auteurs qui racontaient ce type d’histoires, je me suis dit que je pouvais le faire aussi. Je ne suis pas sûr qu’il y ait des règles à proprement parler. Ce qui m’intéresse, c’est de comprendre les règles que les lecteurs s’imaginent pour les briser.

Les difficultés rencontrées pendant d’écriture d’un roman ne montrent pas les limites de l’écrivain. Elles attestent du soin qu’il met dans la construction de son histoire, l’attention qu’il prête à son lecteur, et la responsabilité qu’il porte vis à vis du médium qu’il sert : la narration littéraire. 

Pour aller plus loin

Vous souhaitez vous former afin de parvenir à identifier les points clés de la construction d’un roman, nous vous proposons du 20 au 24 avril 2020 en télé enseignement un stage de 5 jours (30 heures au total) : Préparer et construire un roman – Les bases de la dramaturgie.

Si vous désirez vous former au travail du romancier, nous proposons le cycle l’Artisanat de l’écriture, qui vous permettra d’apprendre pas à pas comment construire une histoire, ainsi que les principales techniques pour connecter le lecteur au personnage.

Si vous désirez vous former aux règles de construction d’un polar, roman noir ou d’un thriller, les Artisans de la fiction vous proposent le stage Construire un polar

Nous vous invitons à lire ou à regarder l’interview de Pierre Lemaitre, pour qui l’écriture n’existe pas !

Lire les interviews complètes d’Yrsa Sigurðardótti, Árni Þórarinsson, Shari Lapena, A.J. Finn, Marion Brunet, Craig Johnson, Todd Robinson, Jane Harper, Ian Manook, Val Mc Dermid et Marin Ledun.

Quais du Polar

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